Sarkozy à l’épreuve

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Priés de dire pour qui ils voteraient, aujourd’hui, à une élection présidentielle, hors candidatures déclarées, hors campagne, à blanc, les électeurs répondent Sarkozy quel que soit l’adversaire de gauche qui lui est opposé. Le sondage de l’Ifop pour Paris Match (daté 30 juin-6 juillet) indique que les socialistes les moins mal placés, face à lui, seraient Jack Lang et Bertrand Delanoë. Tous deux incarnent davantage une forme de modernité culturelle que les positions traditionnelles de leur famille politique en matière économique et sociale. Leur cote serait-elle, pour une part, l’ombre portée de celle de Sarkozy ?
Numéro deux d’un gouvernement conçu pour l’affaiblir, l’ex-maire de Neuilly, président du conseil général des Hauts-de-Seine et chef du parti au pouvoir, collectionne les innovations. Il est le premier homme politique qui doit assumer publiquement une crise conjugale. Dans le passé, on avait connu des crises cachées (celle du couple Mitterrand, révélée sur le tard) ou chuchotées (chut !). Michel Rocard a inauguré la crise assumée, avec l’annonce sobre de son divorce dans un entretien au Point en 1991. Voici maintenant la crise en direct.

Les discordes conjugales suscitent tantôt la tristesse, tantôt les sarcasmes. L’intérêt de celle-ci est sa dimension politique inévitable. Pas de confusion : le politique, c’est lui et non pas son épouse, Cécilia. Quel que soit l’intérêt de cette dernière pour la vie politique – il n’est d’ailleurs pas avéré, si l’on comprend bien – et quelles qu’aient été ses fonctions auprès de son mari, c’est lui qui envisage de solliciter les suffrages des Français. Mais ce candidat potentiel est aussi observé aujourd’hui en tant qu’homme qui traverse un conflit « familial ». C’est en ces termes, en effet, qu’il a choisi de présenter la situation, il y a un mois.
Le fait que l’intéressé soit un homme « public » et qu’il ait donné une grande publicité au couple qu’il forme avec son épouse n’a pas pour conséquence que leur relation relève du domaine public. Mais la façon dont il en parle, l’image qu’il en offre à travers les médias sont bien publiques et politiques. Sera-t-il perçu comme coupable ou comme victime ? Son comportement sera-t-il respectueux ou bien trahira-t-il quelque penchant machiste ? Saura-t-il maîtriser la déstabilisation que lui inflige cet épisode, quelle qu’en soit l’origine ? Maîtrisera-t-il ses nerfs ou bien cédera-t-il à la colère ou à l’angoisse ? Qu’on le veuille ou non, la passe difficile que traverse Sarkozy a la portée d’une épreuve de vérité.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires