Pendant ce temps, à Gleneagles…

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Malgré les attentats de Londres, qui ont jeté un grand froid sur le sommet du G8 à Gleneagles, en Écosse, du 6 au 8 juillet, les huit chefs d’État et de gouvernement des pays les plus riches ont tenu à respecter leur programme de travail. George W. Bush a néanmoins sauté sur l’occasion pour remettre au premier plan la lutte contre le terrorisme. « La guerre continue… », a déclaré, solennel, le président américain. Avant de poser, un peu plus tard, le visage ferme et l’attitude martiale, au milieu de ses pairs, lors de l’intervention de Tony Blair. Le Premier ministre britannique a a fait l’aller-retour pour Londres dans la journée du 7 pour témoigner sa solidarité à ses compatriotes avant de revenir le 8 au matin pour reprendre les discussions avec les membres du G8 et leurs invités d’honneur des pays en développement : les présidents chinois Hu Jintao (qui devrait intégrer les prochains sommets comme membre à part entière), brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, mexicain Vicente Fox, le Premier ministre indien Manmohan Singh, ainsi que plusieurs chefs d’État du continent, dont le Sud-Africain Thabo Mbeki, le Sénégalais Abdoulaye Wade et le Nigérian Olusegun Obasanjo. Une manière de montrer à tous ces hôtes de marque que les pays riches les écoutent au moment où se négocient les modalités pratiques d’un accord sur la libéralisation des échanges qui doit être entériné début décembre, à Hong Kong, lors de la Conférence interministérielle des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

« La conclusion du cycle de Doha serait l’une des façons les plus efficaces de générer de la croissance, créer du potentiel de développement et augmenter le niveau de vie dans le monde entier », affirme le communiqué final du G8. Sans pour autant expliquer qu’il favorisera très largement l’implantation des multinationales occidentales dans les pays du Sud en réduisant fortement les droits de douane sur leurs produits et services. Pour arracher l’adhésion de ces nations après l’échec de la réunion de Cancún en septembre 2003, le G8 semble prêt à faire un certain nombre de concessions mineures – largement commentées par la presse mondiale – sur des dossiers particulièrement importants aux yeux de ses partenaires : soutien agricole, réchauffement climatique et aide à l’Afrique. « Nous nous engageons à éliminer toutes les formes de subventions à l’exportation », ont affirmé, sans préciser de date, les dirigeants du G8. Les grandes puissances se sont également déclarées prêtes à freiner et à inverser l’augmentation des gaz à effet de serre. Sans plus de précisions. Si Tony Blair semble être parvenu à convaincre son ami texan de la nécessité de reconnaître les dégâts provoqués par le réchauffement climatique sur le climat et l’environnement, le président américain ne ratifiera pas le protocole de Kyoto destiné à réduire les émissions de gaz d’ici à 2012. Le G8 a toutefois tenu à associer les nouvelles puissances industrielles, notamment la Chine et l’Inde, à cette réflexion. Leur pollution risquant de réduire à néant tous les efforts écologiques engagés par les Européens.
Le G8 a entériné l’annulation des reliquats de la dette multilatérale de 18 pays pauvres très endettés, dont 14 pays africains, décidée en juin par leurs ministres des Finances. Un effort de 40 milliards de dollars qui n’est qu’une goutte d’eau en regard du fardeau de la dette totale des pays du Sud qui s’élève à 2 500 milliards de dollars. Les pays riches ont également réitéré leur souhait de doubler l’aide au continent – qui était de 25 milliards en 2004 – d’ici à 2010. Ce qui ne devrait pas affecter leurs dépenses publiques, cet effort étant financé par un nouvel emprunt international (IFF), la taxe sur les billets d’avion et les annulations de dette. Les déclarations du G8 n’ont pas soulevé l’enthousiasme des participants au « forum des peuples » organisé depuis quatre ans à Bamako en contrepoint de celui des pays riches. « Nous sommes vraiment déçus, la réunion a accouché d’une souris », a estimé Dounantié Dao, de la coalition Alternative, dette et développement. Enfin, le G8 a décidé d’octroyer 3 milliards de dollars dans « les années à venir » à l’Autorité palestinienne. Bush y tenait particulièrement pour donner les moyens à James Wolfensohn, envoyé spécial du Quartet (États-Unis, UE, Russie, ONU) pour le retrait israélien de la bande de Gaza, de travailler à la reconstruction dans les territoires palestiniens.
Trente ans après sa création, le sommet annuel des pays riches, qui, à l’origine, avait pour objectif d’aplanir les rivalités économiques, est toujours un outil destiné à promouvoir un monde libéral économiquement et politiquement, même si le discours dominant est désormais celui de l’harmonie universelle.

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