Mohammed quitte La Mecque pour Médine

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

A La Mecque, sa ville natale, où, depuis 613, il avait entrepris d’apporter la révélation reçue de l’ange Gabriel, la situation n’était plus tenable pour Mohammed. Sa prédication avait un temps amusé les habitants. Mais, désormais, les riches commerçants de la tribu qoreïchite craignaient que la nouvelle religion ne menace leurs intérêts. Mohammed ne prônait-il pas, outre l’adoration d’un seul Dieu, la destruction des idoles du sanctuaire de la Kaaba ? Or l’affluence de visiteurs venus vénérer les divinités constituait une importante source de revenus pour eux.
Le 16 juillet 622, alors que les Qoreïchites s’apprêtent à l’assassiner, le Prophète quitte secrètement La Mecque avec une poignée de fidèles, pour gagner Yathrib (future Médine), à 450 km au nord. L’Hégire (« l’émigration ») marque le début d’une ère nouvelle, devenant la première date du calendrier musulman, qui commence le 1er du mois lunaire de muharram.
Cela faisait plusieurs années que Mohammed, en butte aux persécutions des Mecquois, songeait à fuir. L’année 619 sera particulièrement éprouvante pour lui. Il voit mourir Khadija, son épouse, Abou Talib, son oncle, chef du clan des Banou Hachim et père d’Ali, son futur gendre. Abou Lahab, un autre oncle, qui prend la tête du clan, est l’ennemi juré du Prophète. Privé de protection, celui-ci espère élire domicile dans l’oasis de Ta’if, à une centaine de kilomètres, mais il en est chassé à coups de pierres par les habitants, peu désireux de se mettre à dos les puissants commerçants mecquois.

Lors du grand pèlerinage à La Mecque de 620, Mohammed remarque un groupe de visiteurs très attentifs à son message. Impressionnés par la personnalité de cet homme qui se dit prophète, ces habitants de Yathrib se disent qu’il pourrait les aider à arbitrer les querelles entre tribus arabes et juives qui ravagent leur ville.
En juin 622, à Aqaba, sur les bords de la mer Rouge, les représentants de Yathrib signent un pacte d’alliance avec Mohammed et acceptent de l’accueillir avec ses disciples. Abandonnant biens et troupeaux, ces derniers quittent donc La Mecque le 16 juillet et arrivent à destination en septembre. La ville de Yathrib change alors de nom pour devenir Medinat el-Nabi (« la ville du Prophète »), Médine en français. La première mosquée de l’islam est construite à Quba, à sa périphérie, et les disciples de Mohammed prennent le nom de muslimûn, musulmans.

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Si l’épisode de l’Hégire (hijra) est si important, c’est que, de chef religieux qu’il était dans sa ville natale Mohammed devient, à Médine, un chef politique. Il signe aussitôt un pacte avec les autres groupes de la cité. La « constitution de Médine » fait entrer les tribus juives et arabes dans une sorte de confédération dont les membres se doivent mutuellement assistance.
Mais Mohammed devient aussi chef militaire. Dès 624, il entreprend une campagne contre les Qoreïchites qui ont imposé un blocus commercial à Médine. Naît alors la notion de guerre sainte (djihad) contre les ennemis d’Allah. L’armée musulmane bat les Mecquois à Badr. Ceux-ci prennent leur revanche à Ohod. Les affrontements dureront jusqu’en 628. Cette année-là, Mohammed décide de faire le pèlerinage à La Mecque. Les habitants de la ville lui barrent le passage. Finalement, un pacte est conclu à Hudaybiya, à la limite du territoire sacré. Les deux parties conviennent de cesser de lutter pendant dix ans.
La trêve est rompue en 630 par des Bédouins alliés des Qoreïchites. Mohammed ordonne à ses troupes de marcher sur la Ville sainte, qui capitule sans combattre. Huit ans après l’Hégire, le Prophète fait son entrée solennelle dans la Kaaba, l’ancien sanctuaire d’Abraham, qu’il débarrasse de toutes ses idoles. La Mecque et, bientôt, les principaux centres de l’Arabie se convertissent.
En 632, Mohammed effectue son dernier pèlerinage. Au cours d’un sermon, il rappelle les fondements de l’islam, mettant l’accent sur le respect des droits de la femme, la fraternité entre les croyants. Puis il retourne à Médine où, pris de fortes fièvres, il meurt le 8 juin, à 62 ans.
Abou Bakr, son beau-père, est choisi par la communauté comme premier calife (successeur) du Prophète. L’islam s’apprête à conquérir le monde.

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