Abidjan : nouveau campus et vieux démons

Après plus de un an, l’université de Cocody, la plus grande du pays, a rouvert ses portes en septembre 2012.

Publié le 22 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Passées les vacances de Noël, la reprise des cours, en janvier, s’est faite dans le calme. Pourtant, bien que n’étant plus sous le diktat de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) – le puissant syndicat qui avait mis en coupe réglée le campus universitaire depuis une décennie -, les vieux démons de la violence ont ressurgi sur le campus de Cocody en décembre. Des étudiants, acculés par une avalanche de difficultés liées à leurs conditions d’études, ont manifesté bruyamment, obligeant les forces de sécurité à intervenir. De peur de voir la situation basculer à nouveau dans la violence, les autorités universitaires ont rapidement organisé des rencontres avec les représentants des étudiants et réussi à circonscrire l’incident.

Look

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Dans la très chic commune de Cocody (dans l’est d’Abidjan), sur l’artère principale de l’université – renommée université Félix-Houphouët-Boigny -, une foule impressionnante d’étudiants presse le pas pour rejoindre les amphithéâtres telle une nuée de besogneuses fourmis. L’environnement est assaini, les quartiers précaires qui avaient élu domicile sur le campus ayant été rasés. Les routes sont bitumées et les espaces verts bien entretenus. Les bâtiments sont rénovés, certains sont neufs. Les amphis et salles de cours ont été climatisés et sonorisés…

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Un tout nouveau look qui fait dire aux Ivoiriens qu’ils ont une université high-tech qui n’a rien à envier à ses consoeurs occidentales. Lors d’une visite sur le campus en septembre, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Georges Serre, est lui aussi tombé sous le charme de ce « petit » bijou bâti sur 200 ha. Si étendu qu’il est même prévu de mettre en service un réseau de transport par autobus entre les amphis pour faciliter la vie aux étudiants – le groupe français Bolloré a offert quatre autobus électriques à l’État ivoirien.

Minimum

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Ce décorum n’occulte cependant pas les problèmes qui continuent de miner le quotidien estudiantin : manque d’équipements dans les amphis, déficit en sanitaires, problèmes de restauration, dessertes en transports collectifs insuffisantes… « Nous ne demandons pas à être choyés, nous voulons juste le minimum pour étudier, explique Josiane Kouakou, étudiante à l’unité de formation et de recherche (UFR) de sciences économiques. Certains amphis ne sont pas climatisés et il y fait trop chaud, d’autres manquent de sonorisation… »

Car les cours ont repris en octobre 2012 sans que tous les travaux aient été achevés. Résultat, depuis leur rentrée académique officielle, les étudiants partagent donc le campus avec les ouvriers et ont souvent vu leurs cours annulés ou reportés faute de salle. Il faut dire que les effectifs, environ 62 000 étudiants, débordent encore largement la capacité d’accueil de l’établissement, prévu pour 30 000 élèves. Les résidences étudiantes ne sont pas encore opérationnelles, et le seul restaurant universitaire en activité sur les cinq que compte Abidjan ne sert que 3 000 repas.

L’établissement est prévu pour accueillir 30 000 étudiants, il sont environ 62 000.

Au ministère de l’Enseignement supérieur, une oreille attentive est accordée aux problèmes des cinq universités publiques qui, toutes, ont été fermées pendant la crise de 2011, ont rouvert en septembre 2012, mais sont encore en chantier. « Nous demandons juste un peu de patience aux étudiants. Tout rentrera dans l’ordre au fur et à mesure que les travaux seront achevés », assure Ibrahima Bacongo, le ministre de l’Enseignement supérieur. Pour les autorités, l’université est un passage obligatoire pour la renaissance de la Côte d’Ivoire, et l’État n’a donc pas lésiné sur les moyens – plus de 120 milliards de F CFA (183 millions d’euros) – pour remettre à niveau les campus.

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