L’autre Lagos

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Allez savoir pourquoi, dans les pays francophones, Lagos a très mauvaise réputation. Son nom à lui seul fait froid dans le dos et évoque, au choix, attaques à main armée, corruption généralisée, escroqueries en tout genre, etc. Certes, cette mégalopole grouillante et industrieuse est impressionnante. Y circuler, dans un imbroglio de camions brinquebalants, de bus rafistolés et de voitures d’un autre temps a de quoi vous « scotcher » sur place… Au sens propre comme au figuré, puisque ses fameux go-slow vous obligent à passer joyeusement trois à quatre heures dans votre véhicule pour vous rendre à un rendez-vous quelconque (lequel est bien entendu parti après vos trois heures de retard). En fait, pour s’en sortir à Lagos, il faut impérativement laisser votre chauffeur gérer votre agenda. Sans ça, no way ! Au milieu de cette surpopulation (on estime à 15 millions le nombre d’habitants de Lagos State, sans compter les milliers de commerçants qui font des allers-retours entre les États voisins ou les pays limitrophes d’une part, et la capitale économique du Nigeria de l’autre), on peut avoir du mal à survivre… Et, bien sûr, les chances d’être attaqué ou volé sont multipliées à l’envi.

Pourtant, on parle moins des autres aspects de Lagos, qui, pourtant, concentre près de 70 % du business du pays. On ne parle pas de ses gratte-ciel qui abritent des bureaux ultramodernes, gérés par des sociétés performantes, qui bossent nuit et jour avec les États-Unis ou la Grande-Bretagne. On ne parle pas des richesses incommensurables dont disposent certaines familles locales, et elles sont nombreuses, exclusivement construites à partir d’affaires florissantes, qui ont pignon sur rue. On ne parle pas non plus des restaurants ultrachic et chers, des cercles privés où l’on vient en berline dernier cri boire de la Veuve Clicquot jusqu’au bout de la nuit. Ni de leurs habitués qui vont passer le dimanche sur leur plage privée, à cinq minutes du port de Lagos en bateau offshore. On ne parle pas non plus de l’aéroport Murtala-Mohammed, flambant neuf, à faire pâlir de jalousie les inconditionnels du nouveau Roissy F. C’est le premier contact avec Lagos, et la première surprise.
Depuis trois ans, les attaques au kalachnikov n’ont pratiquement plus cours. Le grand banditisme a été en grande partie liquidé, au sens propre cette fois… Les convois tonitruants de voitures toutes sirènes hurlantes ont été interdits (sauf pour les membres du gouvernement et les transports de fonds). Les vigiles armés qui veillaient devant la porte de votre chambre d’hôtel ont été remerciés. Bref, avec quelques mesures de prudence d’usage, on peut aujourd’hui survivre à Lagos, faire du business avec des gens de qualité, sortir le soir et passer des week-ends agréables. Les expatriés le savent bien, eux qui sont les premiers à peupler les terrains de golf, les piscines et les restaurants raffinés. Pourtant, ça ne se sait pas trop… Dommage. Mais, comme on dit ici : « Come and see. You’ll be surprised ! »

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