Jean-Jacques le Parrain Moi-Bayonne

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Alors que les échos de la rumba congolaise et du soukouss endiablé de Koffi Olomidé ou bien encore de Papa Wemba résonnent au-delà de l’enceinte du stade Félix-Éboué, un homme s’agite dans la capitale congolaise. Jean-Jacques le Parrain Moi-Bayonne est le directeur artistique du Festival panafricain de musique (Fespam), qui a débuté le 9 juillet. « Mes nuits sont très courtes, mais cela en vaut la peine », déclare ce père de neuf enfants, âgé de 47 ans, qui se définit avant tout comme un saltimbanque : « Je suis un ancien chanteur devenu plus tard producteur, mais les artistes sont restés des frères avec qui je partage les joies et les galères depuis de nombreuses années. » Propriétaire depuis 1987 d’une boîte de nuit à Brazzaville, Le 5 sur 5, gérant au cours des années 1990 du label parisien Taramis qui a lancé de nombreuses vedettes africaines, ce professionnel de la musique est toujours resté dans le milieu du spectacle. « Aujourd’hui, mon carnet d’adresses est un atout pour le Fespam », insiste-t-il. Et, à vrai dire, il en avait grand besoin.
Après des débuts timides mais résolus en 1996, ce festival ressemble à tout sauf à « un long fleuve tranquille ». Pour cause de guerre civile, la deuxième édition prévue deux ans plus tard se déroule finalement en août 1999. Le thème choisi est de circonstance : la musique africaine en faveur de la construction de la paix et de l’unité nationale. La présence de grandes vedettes comme Papa Wemba ou Ismaël Lô permet au Fespam de s’imposer comme un grand rendez-vous musical. En 2001 et 2003, la venue de stars comme Youssou Ndour et Manu Dibango confirme cette dimension internationale, mais les budgets explosent, et les ratés dans l’organisation ternissent l’image d’un festival victime de son gigantisme. L’édition 2003 a battu tous les records : 25 pays, 800 artistes, quelque 3 000 participants, des avions affrétés, un festival « off » dans les quartiers et un budget de 3 milliards de F CFA (4,5 millions d’euros) !
Faire aussi bien avec moins d’argent, tel a été le défi pour cette cinquième édition, puisque le budget a été ramené à 2,5 milliards de F CFA. « Nous avons tout de même réussi à mettre sur pied une bonne programmation dans laquelle on retrouve notamment le chanteur sénégalais Baba Maal ou bien encore Pierrette Adams », se félicite Jean-Jacques le Parrain Moi-Bayonne. Avant d’ajouter, concernant les deux stars congolaises : « Papa Wemba a tout de suite été partant, et Koffi Olomidé est toujours ravi de venir chanter à Brazzaville, où il a débuté sa carrière solo. Pour le Fespam, il modère ses exigences financières, moyennant un cachet d’encouragement. » L’histoire ne dit pas pour l’instant à combien se chiffre « l’encouragement » pour un chanteur habitué à faire salle comble dans toutes les capitales européennes et qui a déjà vendu des centaines de milliers de disques à travers le monde.
L’autre défi pour le Fespam a été de faire venir ces grandes pointures tout en maintenant le caractère populaire de l’événement. Alors que le stade Félix-Éboué situé au coeur du quartier de Poto-Poto peut accueillir jusqu’à 25 000 personnes, les places les moins chères sont vendues à 1 000 F CFA : « Juste de quoi éviter les jeteurs de cailloux, circonscrire la foule et éviter les risques de débordement. »
Une fois la fièvre retombée, Jean-Jacques le Parrain Moi-Bayonne espère pouvoir prendre quelques jours de repos avant de poursuivre l’aventure. La sortie d’un CD et d’un DVD live est notamment prévue, histoire de « laisser une trace ». Mais le rêve le plus jalousement entretenu concerne Koffi Olomidé. « Je veux le mettre en studio avec un nouveau concept », annonce Jean-Jacques le Parrain Moi-Bayonne, mais nous n’en saurons pas plus. Et pour ceux qui s’interrogent sur l’origine de son patronyme, sachez seulement que c’est l’héritage laissé par un « père fantaisiste ». Dans la famille Moi-Bayonne, l’art de la scène se cultive.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires