Côte d’Ivoire : génération ados pour Jean-Hubert Nankam

Depuis 2010, la série Teenager cartonne. Alors que la diffusion de la deuxième saison vient d’être lancée sur la RTI, rencontre avec son producteur, le Franco-Camerounais Jean-Hubert Nankam.

Quelques jours avant la programmation des nouveaux épisodes, la RTI organisait un plateau spécial la série culte. © Olivier pour JA

Quelques jours avant la programmation des nouveaux épisodes, la RTI organisait un plateau spécial la série culte. © Olivier pour JA

Publié le 22 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Il nous parle d’un temps que les plus de 20 ans ne peuvent plus connaître. Et pourtant, à 50 ans, Jean-Hubert Nankam en a fait sa spécialité. Après la sitcom à succès Class’A (la série des 18-25 ans), le patron de Martika Production est devenu, il y a trois ans, l’heureux producteur de la série télévisée Teenager. Installé en Côte d’Ivoire depuis près de quinze ans, le Franco-Camerounais s’impose comme l’improbable et meilleur allié des adolescents ivoiriens. « En regardant la série, les ados sont face à eux-mêmes », déclare-t-il.

Véritable plongée dans le monde des jeunes de 10 à 17 ans, Teenager aborde, à travers des épisodes de vingt-six minutes, des thèmes tels que l’amour, le sport et internet, mais aussi la sexualité – et notamment l’homosexualité -, la drogue ou le travail des enfants.

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Amour, cours, sport, Internet… c’est une véritable plongée dans le monde des 10-17 ans.

Diffusée depuis 2010 sur la chaîne publique Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI 1), puis par des chaînes sénégalaise, béninoise, gabonaise, camerounaise et sur TV5, la première saison se concentrait surtout sur la vie des ados à l’école. La deuxième, diffusée depuis le 8 décembre 2012 (le samedi à midi), innove davantage. « Nous nous sommes intéressés à ces moments, entre l’école et la maison, où ils sont entre eux, où ils se projettent dans des mondes que nous ne pouvons imaginer », explique Jean-Hubert Nankam. Père de deux enfants – aujourd’hui adultes -, le producteur n’a pas hésité à utiliser ses propres souvenirs pour alimenter le scénario. Néanmoins, il privilégie une approche quasi sociologique : « L’adolescent africain est un adolescent comme les autres ! Il passe beaucoup de temps devant les écrans et a accès aux films du monde entier. Il observe les autres ados et est tenté de les copier à tous les niveaux, même lorsqu’ils sont en pleine crise… »

Facebook

Et Jean-Hubert Nankam a visé juste puisque, après seulement une saison en 2010-2011, son « bébé » audiovisuel est devenu un phénomène de société. Même s’il n’existe pas de chiffres d’audience, son succès est aisément perceptible. Notamment parce que son principal sponsor, Orange Côte d’Ivoire, et son diffuseur, la RTI 1, lui assurent une puissante force de frappe. En mai 2012, Teenager a même reçu le prix de l’Organisation internationale de la francophonie de la meilleure série télé, lors du 28e festival Vues d’Afrique, au Canada. Une distinction qui a valu aux membres de l’équipe de production d’être reçus en décembre par la première dame du pays, Dominique Ouattara.

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Quelques jours plus tôt était enregistrée, à l’hôtel Ivotel d’Abidjan, l’émission de lancement de la saison 2. Au-delà de ce coup d’envoi en grande pompe, l’équipe tente de créer une communauté autour de Teenager, via un site internet et une page Facebook où les adolescents peuvent suivre l’actualité des acteurs, connaître les nouvelles tendances en matière de mode, débattre, se confier…

Sponsors 

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En producteur expérimenté, Jean-Hubert Nankam a compris qu’aujourd’hui les séries télé ne se suffisent plus à elles-mêmes. Tout réside désormais dans la capacité à décliner le concept et à attirer les sponsors. D’ailleurs, le jour du lancement de la saison 2, un cadre de Coca-Cola était présent dans la salle, intéressé par le potentiel marketing de Teenager auprès des jeunes.

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Pour cette deuxième édition, 1 700 ados se sont inscrits au casting (ils étaient 300 pour la première). Au final, une soixantaine d’entre eux ont été sélectionnés, dont une trentaine de figurants occasionnels. Après une formation express de quinze jours, ces apprentis ont aussitôt effectué leurs premiers pas d’acteurs, les tournages se déroulant pendant les vacances scolaires. Jean-Hubert Nankam assure : « Ils tournent des situations qu’ils vivent au jour le jour, donc il ne faut pas dénaturer leur jeu. Nous leur avons juste expliqué comment se tenir devant une caméra, c’est suffisant. » Une spontanéité précieuse, mais qui peut être menacée par une starification rapide et difficile à gérer. Le producteur, qui avoue avoir écarté certains acteurs de la première saison à cause de leur comportement, tient à impliquer les parents, lesquels peuvent librement retirer leurs enfants de la série, notamment en cas de chute des résultats scolaires. « J’ai besoin de m’assurer que les enfants ne jouent pas aux agneaux quand ils sont sur le plateau et deviennent des loups dès qu’ils rentrent à la maison », explique Jean-Hubert Nankam. Histoire de rappeler, en bon père de séries, qu’il y a des limites à ne pas dépasser.

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