Banque : certifié Sibtel

Publié le 10 juillet 2005 Lecture : 4 minutes.

Pour accompagner le mouvement de libéralisation économique, le système bancaire tunisien s’est lancé dès 1997 dans un vaste programme de modernisation. Objectif : mettre ses prestations en conformité avec les standards internationaux. Principal axe de ce programme : la télécompensation, c’est-à-dire la « dématérialisation » des supports de crédit (chèque, virement, prélèvement et lettre de change) et la réduction des délais nécessaires pour créditer les comptes bénéficiaires.
Pour assurer cette mutation, les banquiers locaux ont créé, le 1er novembre 1999, la Société interbancaire de télécommunication (Sibtel), dont le capital est détenu par la Banque centrale tunisienne (BCT), les onze banques importantes du pays et, à titre exceptionnel, Tunisie Télécom, qui a mis à la disposition de l’entreprise deux boucles de fibres optiques. Un appel d’offres a aussi été lancé pour l’acquisition d’un logiciel de télécompensation. Quatre offres sont parvenues : trois étrangères et une tunisienne. C’est cette dernière, présentée par Banque et finance internationale (BFI), une entreprise spécialisée dans le développement de logiciels bancaires, qui a été retenue. Son système, bien adapté aux besoins des banques locales, s’est révélé aussi le moins coûteux : 5,9 millions de dinars (4,2 millions d’euros). Il sera d’ailleurs adopté, en 2004, par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), qui est en train de l’installer dans son réseau bancaire couvrant six pays (Cameroun, Gabon, Congo, Centrafrique, Guinée équatoriale et Tchad).
Le système ayant pu être mis en place en quelques semaines, la télécompensation des virements et prélèvements a démarré vers la mi-décembre 1999, celle des chèques (avec image), en juin 2002, des lettres de change (sans image), en octobre 2002, et, enfin, des lettres de change (avec image) et des obligations cautionnées, en novembre 2003.
La Sibtel gère aujourd’hui la totalité du système de télécompensation et les échanges sécurisés avec les institutions adhérentes, à savoir la BCT, les vingt-trois banques du pays et la Poste tunisienne. Son réseau comprend quelque 1 200 agences, dont les 200 bureaux de poste assurant des services bancaires. Elle traite annuellement 20 millions de chèques, 3 millions de lettres de change, 5 millions de virements et 220 000 prélèvements.
« Dès le départ, la BCT a sollicité la participation directe des banquiers à la conception et à la réalisation du système. Il a fallu aussi préparer les institutions bancaires, normaliser les données, les supports, les valeurs, les chèques… », explique Ali Khiri, directeur général de la Sibtel, ingénieur informaticien ayant fait carrière à la BCT avant de prendre la tête de l’entreprise. Qui ajoute : « La mise en place du système a permis aux banques de redéployer leurs personnels et de réorganiser leurs services. Elle leur a permis aussi des économies d’échelle. Ainsi, par exemple, l’achat groupé des scanners nécessaires au fonctionnement du système leur a assuré un gain estimé à 30 % du coût de ces équipements. »
Aux termes du contrat signé avec la Sibtel, BFI assure la maintenance du système pour une période de cinq ans. Les améliorations nécessitées par les changements technologiques et réglementaires sont aussi comprises dans le contrat. « Une nouvelle version améliorée a d’ailleurs démarré le 1er juillet », indique Khiri.
Auparavant, les chambres de compensation interbancaire se réunissaient au sein de la BCT. L’opération demandait beaucoup de temps et d’énergie. Il fallait parfois près d’un mois pour « dénouer » un chèque. Aujourd’hui, tout le pays est considéré comme une seule place. Et il est servi de la même manière et avec la même célérité, le délai réglementaire étant fixé à quarante-huit heures maximum. L’opération se déroule comme suit : les banques adhérentes collectent les informations (données et images) auprès de leurs agences et les mettent à la disposition de la Sibtel. Le travail se faisant en réseau, celle-ci télécharge directement les données à partir des « postes adhérents » que les banques mettent à sa disposition dans leurs sièges respectifs.
L’entreprise, qui emploie une trentaine de salariés, dont dix ingénieurs et autant de techniciens supérieurs, assure un service continu 24 heures sur 24. Elle disposera, avant la fin de l’année, d’un site de secours (back-up) situé à 150 kilomètres de Tunis. Il fonctionnera simultanément avec le site de référence. La Sibtel a, par ailleurs, un statut de « tiers certificateur ». Elle conserve l’archivage électronique des banques, qui peuvent, à tout moment, visualiser les images des chèques ou des lettres de change ayant transité par leurs services. Ces images constituent un « début de preuve » : les supports physiques devant rester en dépôt dans les banques.
L’image informatique peut-elle devenir un jour une preuve légale à part entière ? Réponse de Khiri : « Nous y travaillons actuellement avec l’Agence nationale de certification électronique (Anci), les Archives nationales et le ministère de la Justice. Nous essayons de mettre en place un système sécurisé qui nous permettrait de considérer le document numérique comme un original ayant une valeur légale. » On n’arrête décidément pas le progrès…

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