Au travail !
Voici, en trois points, à quoi devrait ressembler un vrai plan de lutte contre le chômage :
1. Le gouvernement doit supprimer – ou à défaut réduire – les freins à l’embauche tels que le salaire minimum (1 286 euros brut par mois actuellement) et le coût excessif du licenciement. Lier le salaire minimum à l’indice des prix, comme c’est le cas pour les retraites, serait un moyen commode de régler le problème. Ramener les multiples contrats de travail à un seul et unique contrat, sur le modèle de ce que le gouvernement entend appliquer aux très petites entreprises (TPE), diminuerait considérablement le coût du licenciement.
2. Réduire les charges sur tous les salaires, et pas seulement sur les bas salaires. En allégeant les prélèvements, on ferait d’une pierre deux coups : augmenter le nombre d’emplois et inciter à travailler et à produire davantage. Les effets de la relance doperaient la croissance et, partant, financeraient l’impôt sur le revenu. Ainsi l’État n’aura-t-il pas besoin de réduire ses dépenses pour financer les réductions de charges. Une aggravation temporaire du déficit ne serait pas dramatique puisqu’il serait, par la suite, autofinancé par une croissance plus forte.
3. Déréglementer le marché intérieur des biens et des services. Cela vaudrait aussi pour les produits courants, où la réglementation, qui remonte parfois au XVIIIe siècle, empêche les nouvelles entreprises d’accéder à des marchés entièrement protégés. Cela freine à la fois l’emploi et la productivité. Le commerce de détail, les pharmacies, les cafés et les restaurants, et les études de notaires illustrent parfaitement les cas de secteurs où la rente prend le pas sur la compétition. Des tonnes de documents ont déjà exposé ces conseils pratiques. Pour n’en citer que quelques-uns : celui de l’OCDE ; l’épais rapport rédigé sous la direction de l’ancien directeur général du FMI, Michel Camdessus ; un autre, détaillé, s’appuyant sur un solide travail universitaire réalisé par les chercheurs Pierre Cahuc et Francis Kramatz. Tous arrivaient aux mêmes conclusions, très proches de mes trois idées principales.
Je ne serais pas pessimiste. À moins que la France ne s’isole elle-même du reste de l’Europe, elle est ouverte à la compétition démocratique entre les différents modèles de société au sein de l’Union européenne. Que l’économie britannique crée de l’emploi et des revenus n’est pas passé inaperçu en France et dans les autres pays européens. Le statu quo est de moins en moins défendu. Et le chaînon manquant est la volonté politique. La plupart des dirigeants estiment que la France a une telle peur des réformes que ce mot lui-même est tabou et que seule la politique des petits pas peut fonctionner. Toutefois, précisément parce que les petits pas ne produisent rien de plus que des petits résultats, même si ce n’est pas négligeable, les hommes politiques perdent rapidement le soutien de leur électorat.
Pour rallier une majorité d’électeurs, un dirigeant politique devrait d’abord expliquer que le modèle français n’est ni économiquement efficace ni socialement équitable. Il devrait se limiter à un petit nombre de réformes en profondeur, telles que les trois éléments que j’ai mentionnés. Plus important, il ou elle devra opter pour une stratégie offensive. Que cette personne soit de gauche ou de droite n’a, en définitive, aucune importance.
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