Le Rwanda passe à l’Est

Publié le 10 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ne compte plus que dix membres depuis l’annonce officielle, le 6 juin à Brazzaville (Congo), où se tenait la réunion du Conseil des ministres de l’organisation, du retrait du Rwanda. Charles Murigande, le ministre rwandais des Affaires étrangères, a expliqué cette décision par la volonté de son pays de rationaliser sa stratégie d’intégration régionale. Outre la CEEAC, le Rwanda est en effet membre du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) et de la Communauté est-africaine (EAC).
Il est certain qu’appartenir à autant d’organisations à la fois n’est pas forcément très efficace. D’abord, parce que ce sont toujours les mêmes pays qui se retrouvent pour traiter des mêmes problèmes – et que cela coûte cher. « Pour nous, explique un ancien ambassadeur rwandais, un sou est un sou. Il ne serait pas raisonnable de gaspiller nos maigres ressources pour des résultats qui n’ont rien de garanti. »
Ensuite, parce que 70 % des échanges commerciaux du Rwanda se font avec les pays de l’Est africain. Il peut donc paraître logique de renforcer ce qui marche, d’autant que l’EAC représente un marché de plus de 90 millions d’habitants. Pourtant, comme nous le confiait récemment Murigande, le Rwanda « reste physiquement en Afrique centrale et attend beaucoup de la relance des activités de la CEPGL ». Ce que confirme la nomination de Liliane Gashumba, ancienne directrice du Fonds commun de développement du Rwanda, au secrétariat exécutif adjoint de la CEPGL, dont le siège est à Gisenyi, dans l’ouest ?du pays.
Après la rupture des relations diplomatiques avec la France, certains interprètent le retrait du Rwanda de la CEEAC comme la confirmation de sa volonté de s’éloigner du monde francophone. Or, s’il est vrai que la communauté est dominée par les francophones, elle n’en compte pas moins un certain nombre de lusophones (Angola, São Tomé e Príncipe) et d’hispanophones (Guinée équatoriale).
Mais le fond du problème est peut-être ailleurs. Comparées aux organisations de l’Afrique occidentale, australe et orientale, celles d’Afrique centrale ont du mal à décoller, alors que les pays de cette zone disposent de moyens largement supérieurs. Farouchement résolu à accélérer le rythme de son développement, le Rwanda a donc choisi le pragmatisme. La question de la langue reste marginale, les échanges commerciaux ignorant ce genre de barrière.

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