La Wehrmacht à Paris

Publié le 10 juin 2007 Lecture : 3 minutes.

Le 1er septembre 1939, quelques jours après la signature du pacte germano-soviétique, l’armée allemande envahit la Pologne sans déclaration de guerre, suivie, le 17, par l’armée russe. Le 3 septembre, l’ambassadeur de France à Berlin informe le ministère des Affaires étrangères du Reich que la France honorera ses engagements à l’égard de la Pologne.
Pendant huit mois, cependant, ni la France ni son allié britannique ne se précipitent : c’est la « drôle de guerre ». La Pologne est écrasée en trois semaines, mais à l’Ouest, on ne bouge pas. L’invasion de la Finlande, le 30 novembre 1939, par l’armée Rouge n’y change rien. Après la Pologne et la Finlande, les Soviétiques poursuivront leur avance au Nord, jusqu’aux pays baltes, et au sud, jusqu’à la Roumanie. Staline, au prix d’une guerre très limitée, aura fait main basse sur toute l’Europe orientale. Le « rideau de fer » ne sera levé qu’un demi-siècle plus tard.

En France, l’unanimité des premiers jours se lézarde vite. Le 26 septembre 1939, le Parti communiste est dissous. Le 20 janvier 1940, ses députés sont déchus de leur mandat. Les milieux parlementaires se divisent. Pierre Laval en appelle au rapprochement avec l’Italie (son attirance pour les puissances de l’Axe lui coûtera la vie en 1945). D’autres parlementaires reprochent au président du Conseil Édouard Daladier son manque d’énergie. Désavoué, le 19 mars, à la Chambre, il donne sa démission. Il est remplacé par Paul Reynaud, qui s’engage aux côtés de la Grande-Bretagne dans l’expédition de Narvik, en Norvège. Mais c’est l’échec : la « route du fer » ne sera pas coupée, les Allemands continueront de s’approvisionner en minerai de fer suédois.
Depuis dix ans, la France vit dans la certitude d’être bien défendue par la ligne Maginot, du nom du ministre qui, en 1929, a fait adopter le projet de loi sur la « défense des frontières ». Le seul problème est que les gros ouvrages disposés en « palme de palmipède » s’arrêtent à la frontière belge Le 10 mai 1940, après avoir remis quatorze fois l’ordre d’attaque à l’Ouest, en raison d’abord de l’impréparation de son armée, puis des conditions météorologiques, Hitler déclenche la Blitzkrieg, la guerre éclair. « La bataille qui s’engage aujourd’hui décidera de l’avenir de la nation allemande pour mille ans », lance-t-il à ses troupes. La stratégie est claire : contourner la ligne Maginot. C’est d’abord l’invasion des Pays-Bas, qui capitulent au bout de cinq jours, le 15 mai. Mais la partie essentielle se joue dans les Ardennes, où, le 13 mai, les Panzerdivisionen, les divisions blindées de Guderian, franchissent la Meuse. Deux jours plus tard, Paul Reynaud téléphone à Winston Churchill, Premier ministre britannique depuis ce fatidique 10 mai : « La route de Paris est ouverte. La bataille est perdue. »
Un théoricien de l’arme blindée, le colonel Charles de Gaulle, résiste encore du côté de Laon. Mais à Paris, c’est la panique. Le 16 mai, Reynaud fait rentrer précipitamment de Madrid l’ambassadeur de France auprès de Franco, le maréchal Pétain, 84 ans. Il lui propose d’entrer au gouvernement comme vice-président du Conseil, pour l’aider à remonter le moral des combattants. Il fait aussi revenir de Syrie le général Weygand, 73 ans, ancien chef d’état-major de Foch, pour reprendre la tête des armées. Comme si les vainqueurs de la guerre 1914-1918 pouvaient par leur seule présence conjurer le mauvais sort.

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Paris est déjà « ville ouverte ». Les Parisiens s’enfuient par dizaines de milliers sur les routes de l’exode. Le 14 juin, sortant de la forêt de Chantilly, l’armée allemande fait son entrée dans la capitale. Elle est vide de ses habitants. Les Allemands se précipitent aux Invalides pour retrouver leurs drapeaux de 1918. Le drapeau à la croix gammée, lui, flotte sur l’Arc de triomphe. Un défilé militaire est organisé sur les Champs-Élysées.
De Londres, cependant, de Gaulle, général de brigade depuis le 25 mai, lance l’Appel du 18 juin : « La défaite est-elle définitive ? Non ! » La formule célèbre : « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre » sera l’attaque d’une proclamation affichée à Londres en juillet.

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