Flux records de capitaux privés
Au moment où les huit pays les plus riches de la planète réitéraient l’engagement pris en 2005, lors du sommet de Gleneagles, de doubler l’aide au développement à l’Afrique d’ici à 2010, la Banque mondiale soulignait une tendance très positive dans son rapport annuel Global Development Finance (GDF). Les flux de capitaux privés vers les pays en développement ont atteint, en 2006, un niveau jamais égalé, à 647 milliards de dollars, dont plus de 419 milliards en prises de participations. Outre des cours haussiers des matières premières, particulièrement favorables au continent africain, ce chiffre rappelle que la croissance vigoureuse observée depuis cinq ans dans lesdits pays est également alimentée par le niveau soutenu de ces flux, qui sont autant d’outils de production ou d’infrastructures supplémentaires.
Ces chiffres doivent cependant être nuancés. Le tassement attendu de la croissance mondiale au cours des deux prochaines années devrait, logiquement, se répercuter sur ces pays. Ensuite, bien que situés à un niveau historiquement haut, ces mouvements se contractent. Ils n’ont augmenté que de 17 % de 2005 à 2006, contre 34 % de 2004 à 2005, pour se concentrer sur une vingtaine de pays en tête desquels l’Inde et la Chine. « Les 51 pays les plus pauvres n’ont reçu que 8 % du montant global des flux de capitaux », note la Banque mondiale. L’an passé, l’Afrique subsaharienne n’en a absorbé que 39 milliards. Enfin et surtout, la mobilisation par les entreprises privées et publiques de 333 milliards de dollars sous forme de crédits ou d’émissions d’obligations sur le marché international tend à modifier en profondeur l’architecture du développement, dont les sources de financement sont désormais de plus en plus privatisées.
Pour autant, la communauté internationale ne doit pas relâcher l’effort sur l’aide. Avec un taux de croissance supérieur à 5 % depuis cinq ans et de 7,6 % en 2006, les pays en développement ont enregistré leurs meilleurs résultats depuis cinquante ans, selon GDF. Mais ce nouveau contexte marqué par le retrait des emprunteurs souverains (étatiques) au profit d’organismes privés doit être infléchi. Pour l’économiste en chef de la Banque mondiale, François Bourguignon, « les capitaux privés ne sauraient permettre à eux seuls de pourvoir aux besoins essentiels des pays les plus démunis ».
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