Compaoré à Yamoussoukro

Publié le 10 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est un événement : alors qu’il n’avait pas mis les pieds en Côte d’Ivoire depuis près de sept ans, Blaise Compaoré, le chef de l’État burkinabè, est attendu le 12 juin à Yamoussoukro. Maître d’uvre de l’accord de Ouagadougou du 4 mars, il doit y présider la première réunion du Comité permanent de concertation (CPC) chargé de superviser la mise en uvre de l’accord de paix. Outre Compaoré, les membres du CPC sont le président ivoirien Laurent Gbagbo, son Premier ministre Guillaume Soro, Henri Konan Bédié, le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Alassane Ouattara, celui du Rassemblement des républicains (RDR).
Le CPC a été créé sur l’insistance de Soro, qui, en dépit des réserves de Gbagbo, avait estimé lors des pourparlers de Ouaga, en janvier-février, que ses alliés du G7 ne pouvaient être totalement exclus du règlement de la crise découlant du « dialogue direct » engagé entre le pouvoir et la rébellion. Bédié et Ouattara ont donc fini par y être associés, au grand dam des autres signataires de l’accord de Marcoussis (janvier 2003), laissés sur la touche.
Si l’ordre du jour de la première rencontre n’a pas été rendu public, un proche collaborateur de Compaoré confie que l’objectif essentiel sera de donner un coup de fouet au processus de paix. Et un coup de main à l’attelage Gbagbo-Soro pour sortir de la crise. Le chef de l’État burkinabè est d’autant plus résolu à émettre un signal fort que c’est lui qui a convaincu Soro d’accepter l’offre de Gbagbo d’occuper la primature.
Pour renforcer l’aspect symbolique de sa visite et la crédibilité d’un CPC critiqué avant même son entrée en action, Compaoré a convaincu son homologue ghanéen John Kufuor, président en exercice de l’Union africaine (UA), d’être présent à Yamoussoukro le 12 juin. Au départ, il était prévu que la réunion se tienne le 30, jour où des armes doivent être solennellement brûlées pour célébrer le retour de la paix. Elle a dû être avancée pour tenir compte de l’agenda du numéro un burkinabè, qui ne verra donc pas Gbagbo et Soro mettre le feu à des stocks d’engins de mort à Bouaké, la « capitale » de l’ex-rébellion, et à Duékoué, dans l’ouest du pays.
Au palais du Plateau, à Abidjan, la visite de Compaoré est préparée avec le plus grand soin. Il faut dire que la précédente remontait au 24 septembre 2000. Ce jour-là, en compagnie d’une dizaine de ses pairs mandatés par la défunte Organisation de l’unité africaine (devenue l’Union africaine en 2001), le chef de l’État burkinabè avait participé à une tentative de médiation avant l’élection présidentielle du mois suivant. Une fois élu, Gbagbo avait attendu plus d’un an (décembre 2001) pour se rendre à Ouaga, où il n’était resté que trois heures. Il est probable que Compaoré n’avait pas apprécié. Bref, après avoir été très proches, puis s’être durement opposés, les deux hommes sont à nouveau réunis par les aléas de la politique. Personne ne s’en plaindra.

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