« Shalom, salam », suite

Publié le 10 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Simple rencontre isolée et ponctuelle ou bien amorce d’un partenariat d’envergure et durable ? Il était encore prématuré, le 6 janvier 2005, de répondre à cette question après la clôture du premier Congrès mondial des cent imams et rabbins. Organisé à Bruxelles par la fondation laïque suisse Hommes de parole, sous le patronage des rois Mohammed VI et Albert II, ce congrès était déjà un événement inédit en soi. Mais si le nombre important de participants et leur diversité – toutes les nationalités et les tendances étaient représentées – ont contribué à lui donner une forte charge symbolique, nombre d’observateurs se sont interrogés sur sa portée réelle. Et puis le temps a passé…
La réunion de suivi, les 5 et 6 avril dernier à Marrakech, du Comité permanent judéo-musulman (créé à l’issue du congrès de Bruxelles) vient rappeler qu’un dialogue a été amorcé et, surtout, témoigner de sa continuité. Lors de cette rencontre, les membres du Comité – qui réunit les plus hautes autorités religieuses des deux confessions, dont quatre imams et quatre rabbins – ont réaffirmé leur volonté de pérenniser ce dialogue interreligieux. À l’ordre du jour : la mise en place d’un programme d’actions, notamment dans les domaines de l’éducation et de la communication. Alain Michel, président de la fondation Hommes de parole, explique que l’objectif de la réunion de Marrakech était de « transformer l’essai ». De leur côté, l’imam Cheikh Talal Sedir (ancien ministre palestinien des Cultes) et le grand rabbin Joseph Azran ont mis l’accent sur la nécessaire complémentarité de l’action politique et de l’action religieuse, pour lutter contre les intégrismes et délégitimer les actes terroristes commis au nom de Dieu. « Les efforts déployés par les politiques durant les dernières années en faveur de la paix, a déclaré Cheikh Talal Sedir, n’ont pas tous été couronnés de succès en raison de l’absence de la dimension religieuse de leurs préoccupations. »

À l’issue de cette réunion, qui s’est déroulée à huis clos, la date du prochain Congrès mondial des imams et rabbins a été arrêtée au mois de mars 2006, mais le lieu n’a pas encore été défini. Un indice toutefois : « ce sera en terre d’Islam ». Parmi les hypothèses évoquées : Jérusalem, la ville trois fois sainte. Selon le Comité permanent judéo-musulman, la prochaine édition devrait avoir un impact encore plus grand car tous les acteurs du dialogue entre les religions avaient répondu présent avec enthousiasme en janvier, à tel point que la demande a débordé l’offre. Certes… mais quid de la vision oecuménique ? On pourrait objecter qu’il manque un acteur de marque dans ce grand rassemblement : l’autre grande religion monothéiste, le christianisme. « Il n’est pas question d’occulter le christianisme ni de se fermer aux autres religions puisque des personnalités du monde chrétien étaient conviées à Bruxelles à titre d’observateurs, de consultants et de médiateurs. Mais ils n’étaient pas partie prenante étant donné que le dialogue existe déjà, d’une part entre musulmans et chrétiens, d’autre part entre juifs et chrétiens. En revanche, il n’existait pas entre le judaïsme et l’islam », précise Alain Michel.

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Si l’initiative d’un tel rassemblement est louable, il reste à espérer que ces hommes de foi et de parole ne prêcheront pas dans le désert, qu’ils sauront dépasser le stade des voeux pieux pour se placer sur le terrain de l’action concrète. Avis aux hommes de bonne volonté !

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