Qu’arrive-t-il à l’Occident ?

Publié le 10 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

J’étais convaincue qu’il n’y avait plus que les musulmans pour croire en Dieu. Qu’ils étaient les seuls à jouer inlassablement du tam-tam religieux. Il suffit d’observer les signes extérieurs de leur foi à travers leurs barbes et leurs fichus, leurs mosquées bondées, leur ramadan synchronisé sur une moitié de la planète, leur pèlerinage gigantesque à La Mecque, les agissements de leurs « frères musulmans », théoriciens ou kamikazes… Une véritable démonstration de force auprès de laquelle le christianisme faisait pâle figure. Puis, coup de théâtre. La mort de Jean-Paul II provoque une émotion cosmique. Le monde ne tourne plus qu’à l’heure chrétienne. Les médias enchaînent commentaires et reportages. Des millions de fidèles défilent à Rome devant la dépouille du pape. On disait les églises désaffectées, en pénurie de prêtres, la foi des enfants du Christ en recul. Et je vois des foules d’âmes éplorées, comme si la mort du Souverain Pontife les laissait orphelins de Dieu. Je croyais que l’Occident avait tué ce dernier, voilà qu’il le ressuscite. Je ne l’entendais parler que de sécularisation alors qu’un tsunami religieux le submerge.
Comme partout, la France multiplie les hommages, certains voulant notamment donner le nom du pape à une avenue de Paris, alors qu’un tel privilège n’est normalement accordé que cinq ans après la mort de la personnalité concernée. Seul Victor Hugo avait obtenu de son vivant cette faveur. Un seul lieu porte, à Paris, le nom d’un pape, le square Jean XXIII, qui se trouve être la propriété de l’épiscopat.
Que se passe-t-il donc ? L’Occident catholique vit-il un vrai sursaut de foi ou cède-t-il aux sirènes de la société du spectacle ? Assiste-t-on au lobbying d’une minorité de croyants ou à l’expression du sentiment profond d’une majorité silencieuse ? George W. Bush et ses évangélistes de la Maison Blanche sont-ils une espèce menacée ou ont-ils été envoyés au charbon pour défendre un « axe du Bien » dont toute la chrétienté, au fond, s’estime dépositaire ? Il est certain qu’aucune personnalité religieuse ne pourrait aujourd’hui susciter une émotion comparable chez les musulmans. Ces derniers descendent dans la rue pour pleurer leurs héros politiques, à la rigueur leur chanteuse préférée (Oum Kalsoum), mais, depuis la mort de Khomeiny, aucun imam, aucun mufti ni aucun ayatollah ne peut prétendre à de telles funérailles. C’est peut-être le côté laïc de l’islam.

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