Dieu à toutes les sauces

Publié le 10 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

En France, la liste des meilleures ventes d’essais et de documents est dominée depuis plusieurs semaines par un livre au titre abscons : Traité d’athéologie. Physique de la métaphysique (éditions Grasset). Dans ce pamphlet de 280 pages, le philosophe Michel Onfray se livre à une virulente attaque des religions du Livre, prônant un matérialisme sensuel et jouisseur. Le succès d’un tel ouvrage est d’autant plus paradoxal – ou au contraire il était inévitable – que, depuis plusieurs années, les livres semblant signer un retour au religieux trouvent un écho particulier. On a recensé plus de 1 400 nouveautés en France en 2004.
Plusieurs titres de cette catégorie ont très bien « marché » l’an dernier. Vivre, à quoi ça sert ? (Flammarion) de soeur Emmanuelle s’est vendu à 200 000 exemplaires. Le public a également apprécié Marie (Plon) de Jacques Duquesne, Je crois, moi non plus (Calmann-Lévy) de Mgr Jean-Michel Di Falco et Frédéric Beigbeder, Moi, Bouddha (XO) de José Frèches. Sorti en février dernier, Mémoire et identité (Flammarion), le testament spirituel et politique du pape Jean-Paul II, devrait lui aussi connaître une très belle carrière. Il s’en est déjà vendu 60 000 exemplaires dans l’Hexagone.
Mais si le livre religieux touche un public élargi, il échappe de plus en plus au secteur spécialisé. En France, toujours, comme le signale Livres Hebdo dans son numéro du 1er avril, il ne restera bientôt plus que deux grands éditeurs confessionnels : Bayard et Le Cerf, relevant respectivement de la congrégation des assomptionnistes et de celle des dominicains. Et l’on apprend que La Procure, la plus grande librairie catholique de France (1 000 m2), est à vendre.
La littérature religieuse est désormais presque entièrement aux mains des éditeurs « profanes », qui en font un département comme les autres. Et lui appliquent les recettes éprouvées dans la littérature générale, privilégiant les témoignages et les confessions, au détriment des ouvrages de réflexion. En outre, pour satisfaire à la mode, le religieux s’efface peu à peu au profit de la spiritualité, qui elle-même cède le pas à la psychologie et au mieux-être.
L’évolution n’est pas spécifique à la France. Aux États-Unis, le document le plus vendu en 2004 est The Purpose-Driven Life (éditions Zondervan) de Rick Warren. Ce traité de marketing spirituel s’est écoulé à 8 millions d’exemplaires (et à 20 millions au total depuis sa parution).

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