Dégel confirmé

Après la suppression réciproque des visas.

Publié le 10 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Enfin ! Plus de huit mois après la suppression par le Maroc du visa imposé aux ressortissants algériens (le 30 juillet 2004), Abdelaziz Bouteflika a annoncé, le 2 avril, la réciprocité tant attendue, après en avoir informé Mohammed VI par téléphone. Jusqu’à ce fameux 2 avril, l’Algérie et le Maroc étaient les deux seuls pays du continent africain à ne pas appliquer le principe de réciprocité en matière de visas de séjour.
Entamé lors de la visite à Alger de Mohammed VI à l’occasion du XVIIe Sommet de la Ligue des États arabes (22-23 mars) – la première d’un souverain marocain depuis celle de Hassan II en 1991 -, le dégel entre les deux « frères ennemis » du Maghreb voit ainsi sa première concrétisation.
Vexée de n’avoir pas été consultée, ni même informée, avant la décision de Rabat de supprimer le visa pour les Algériens, el-Mouradia (la présidence algérienne) a longtemps rechigné à appliquer cette réciprocité. Mais la volonté commune et simultanée des deux pays conjuguée aux « pressions » extérieures (Bruxelles, Paris, Madrid, Washington…) ont relancé un processus qui menaçait de s’enliser.
Les visas supprimés, reste la question, ô combien symbolique, de la réouverture de la frontière terrestre, fermée depuis août 1994 et l’attentat islamiste ayant frappé l’hôtel Atlas-Asni de Marrakech. Sur cette question également, les blocages de principe semblent levés. Il n’y a pas si longtemps, le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem excluait totalement l’hypothèse d’une réouverture prochaine, mais, depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Un haut responsable de la présidence algérienne nous a confié que « le sujet est à l’étude. Mais cela prendra du temps ». Combien ? Depuis Paris, où il participait, le 5 avril, à une conférence internationale sur le dialogue des civilisations, le président Bouteflika a parlé de « plusieurs mois ».
Et maintenant ? Pour les autorités algériennes, la « feuille de route » est claire : la question du Sahara occidental, principal contentieux entre Alger et Rabat, doit rester du domaine des Nations unies. Tout le reste concerne les relations bilatérales, et l’Algérie se dit prête à « toutes les coopérations possibles avec le royaume, y compris militaire et sécuritaire ». En résumé, « mettons le Sahara de côté, à l’ONU, et avançons ». Bonne idée, même si pour les Marocains seule une négociation directe entre les deux pays peut aboutir à une solution politique au conflit qui les oppose depuis plus de trente ans. Le serpent de mer que constitue le dossier du Sahara se mord la queue. La nouveauté, c’est qu’il pourrait bien ne plus bloquer le reste.

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