Wade règle ses comptes

Publié le 9 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 5 décembre, deux inspecteurs généraux d’État, Mayassine Diongue et Assane Dianko, ont remis à Mbaye Jacques Diop, le président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes), un ordre de mission signé de Zackaria Diaw, le directeur du cabinet du chef de l’État. « Les inspecteurs sont chargés d’une vérification administrative et financière », précise ce document.
Diop a dirigé le Craes depuis sa création, en août 2004, jusqu’à sa dissolution, le 27 novembre dernier, et son remplacement par un Conseil économique et social. « Je suis le quatrième personnage de l’État, a-t-il rappelé à ses visiteurs. Depuis l’indépendance, aucun inspecteur d’État n’a jamais mis les pieds ni au Conseil économique et social ni à la primature ni à l’Assemblée nationale, encore moins à la présidence de la République. Seule la Cour des comptes est habilitée à me contrôler. »
Les hostilités sont déclarées entre Diop et le président Abdoulaye Wade depuis que, le 1er octobre, le second a demandé au premier de démissionner. « Je n’ai pas de contentieux avec vous et ne souhaite pas en avoir, mais j’ai besoin du poste que vous occupez », lui a-t-il fait savoir. Réponse : « Je n’ai pas commis de faute. Si je démissionne alors que mon mandat court jusqu’en août 2009, personne ne le comprendra. » Trois jours plus tard, alors que Diop s’apprêtait à se rendre à Paris pour participer à une réunion de l’Union des conseils économiques et sociaux et institutions assimilées de la Francophonie, qu’il préside depuis le mois de juin, le chef de l’État lui a interdit de quitter le territoire sénégalais.
Le 16 novembre, après une médiation d’Iba Der Thiam, le coordonnateur de la Cap 21, la coalition des partis de la mouvance présidentielle, Diop accepte, pour la forme et « pour ne pas défier le président », de présenter sa démission. Trop tard, Wade ne décolère pas pour autant. Lors d’un comité directeur de son parti, il sonne la charge : « J’ai des griefs contre Mbaye Jacques Diop. À la tête du Craes, il a organisé des missions fantaisistes qui ont coûté 300 millions de F CFA. » D’où la descente des inspecteurs généraux d’État au siège du Craes Comme lors de ses différends avec Idrissa Seck et Macky Sall, deux anciens Premiers ministres, Wade a manifestement choisi de régler ses comptes à coups d’audits et de poursuites judiciaires.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires