Courrier des lecteurs

Publié le 9 novembre 2008 Lecture : 6 minutes.

Utopie africaine ?
– Les territoires africains ont conquis leur indépendance il y a presque cinquante ans. Il est certain que les obstacles se sont opposés et s’opposeront encore à tout projet d’unification du continent, à commencer par les anciennes puissances tutélaires ; nous n’ignorons pas non plus que les problèmes politiques, les rivalités ethniques, confessionnelles, et les nationalismes exacerbés constituent des handicaps importants à l’unification de l’Afrique. En raison de toutes ces difficultés, est-ce que la construction des États-Unis d’Afrique est possible ?
C’est cette question que tout responsable politique africain devrait se poser. Pour notre part, et en notre qualité de président du Mouvement de l’évolution sociale en Afrique noire (Mesan), parti créé par le président-fondateur de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda, nous répondrons en paraphrasant ce dernier :
« La terre oubanguienne [actuelle République centrafricaine] sera le bastion de l’unité africaine, seule garantie de nos libertés et de notre indépendance ; car des menaces très graves pèsent sur nos têtes et l’indépendance totale ou partielle serait une dangereuse utopie, une porte ouverte à notre perte définitive et à notre disparition de la face du monde si elle n’est pas organisée sur la base d’une unité africaine inébranlable ».
Fidèle Ogbami, président du Mouvement de l’évolution sociale en Afrique noire (Mesan), Bangui, République centrafricaine

Un peu de rêve…
– Crise financière mondiale, des banques qu’on a cru insubmersibles s’effondrent, des golden boys sont ruinés et certains se suicident, des guerres stupides, une planète qui se réchauffe, des espèces naturelles en voie d’extinction
Au milieu de toute cette cacophonie de médiocrité, un petit rêve est toujours permis : photo de la plage de Takamaka sur l’île de Mahé (archipel des Seychelles). Mais, au fait, les Seychelles sont-elles en Afrique ? Décidément, l’homme peut toujours s’inventer des casse-tête !
Samir Doghri, Beni Khiar, Tunisie

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Réponse : Les géographes sont bien sûr unanimes pour rattacher les Seychelles au continent. Et l’atoll d’Aldabra, appartenant à l’archipel, n’est qu’à 420 km de Madagascar…

Mauvaise image pour le Maghreb
– Le match France-Tunisie du 14 octobre dernier devait être l’occasion d’une belle fête, jusqu’à ce qu’une poignée d’abrutis nous gâchent la soirée. En sifflant la Marseillaise, comme l’ont fait des « Marocains » l’année dernière et des « Algériens » en 2001, des Français (?) d’origine tunisienne se sont tiré une balle dans le pied. Car siffler un hymne, ce n’est pas seulement siffler quelques notes de musique. C’est insulter un pays, son histoire et ses citoyens
Dès le lendemain, la classe politique française unanime a condamné à juste titre cette attitude imbécile et ô combien incivique. Le plus grave dans cette histoire, c’est que les jeunes en question ont donné des arguments à ceux qui pensent que « les Arabes, décidément, ne sont pas comme les autres »
Alors, bien sûr, la France a sa part de responsabilité historique envers les pays du Maghreb. Évidemment, les contrôles « au faciès » ne font jamais plaisir ; sans compter les problèmes pour se faire employer lorsqu’on porte un nom à consonance arabe. Mais nous ne devons jamais oublier que la France nous a accueillis. Nos parents sont venus chercher du travail et un avenir meilleur pour leurs enfants. Ils ont travaillé dur et fait des sacrifices pour qu’on s’intègre dans la société française, pas pour qu’on lui crache dessus…
Les jeunes voyous ont donné une image désastreuse du Maghreb et de la communauté maghrébine dans son ensemble. Il faudra qu’ils décident un jour s’ils veulent être français ou s’ils préfèrent rester d’éternels déracinés
Frank Nouma, Bruxelles, Belgique

Délinquance tunisienne
– La violence et la délinquance en Tunisie sont en recrudescence inquiétante, occasionnant des faits divers sordides. Les origines de ce phénomène sont multiples. Il y a d’abord la diminution de ce qui devrait avoir un caractère dissuasif, c’est-à-dire le sentiment moral et religieux chez les jeunes. À l’école, l’éducation islamique est inculquée à la va-vite. Comment expliquer, sinon, qu’on vole même à l’intérieur des mosquées ? Puis vient la diminution du sentiment nationaliste et de la confiance en l’avenir chez les jeunes. En sus, les policiers n’inspirent plus aucune crainte depuis qu’on leur a retiré leur pistolet. Comment expliquer qu’on vole et braque à proximité des postes de police ? Enfin, par souci d’économie d’énergie, des rues et des quartiers entiers sont parfois plongés dans le noir, ce qui laisse le champ libre aux trafiquants de drogue, aux voleurs à la tire et aux braqueurs sans foi ni loi
Il n’y a qu’à lire la presse populaire et les tabloïds pour s’en rendre compte.
Rayène Andolsi, Chatt Meriem, Tunisie

Plus qu’un journal
– Je suis étudiant en sociologie à l’université de Nouakchott et je veux saluer tous les fidèles lecteurs de J.A. Je ne peux pas exprimer à quel point je tiens à ce journal, qui représente pour moi un Coran au sens figuré. Merci à J.A., qui fait honneur au continent. Et franchement, bravo pour les preuves d’abnégation de sa rédaction… Bonjour aussi, en passant, à l’Afrique que j’aime. Sékou Touré disait : « Jeune Afrique, ce n’est pas une bible, c’est juste un journal. » Mais c’est plus qu’un journal.
Habib Sy, Nouakchott, Mauritanie

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Chute d’un cacique
– Lorsque j’ai lu dans le sommaire du J.A. n° 2483-2484 qu’un article sur le Cameroun y figurait, j’ai réagi comme un lion attentif au passage de sa proie. À première vue rien de nouveau, pensai-je, sinon l’annonce d’une nouvelle charrette de politiciens rattrapés par la justice en raison de la pression du FMI pour éradiquer la corruption endémique. C’était sous-estimer l’auteur, excellent, qui s’est livré à l’exercice difficile de nous raconter sur moins d’une page l’histoire de la chute et de l’emprisonnement d’un personnage clé de l’État camerounais, Jean-Marie Atangana Mebara, secrétaire général de la Présidence. Et, clou de l’article, l’auteur nous fait même découvrir qu’une conjuration avait été mise en place par ce même cacique pour succéder au chef de l’État !
Christian Schnyder, Peseux, Suisse

Merci Ayo !
– Un plaisir, la lecture de l’article intitulé « Ayo a retrouvé la paix » (J.A. n° 2492). J’ai vu évoluer sur scène cette musicienne afro-allemande et son groupe : un régal ! Jeune femme au parcours atypique, courageuse, talentueuse et sympathique. Good luck Ayo !
Yadji Sangaré, Montreuil, France

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Gouverner, c’est rendre des comptes
– Je suis tombé des nues en voyant le Congo démocratique occuper, selon l’Indice Mo Ibrahim 2008 de la gouvernance en Afrique, la 47e place sur 48 pays (J.A. n° 2492). En soi, l’indice Mo Ibrahim est une entreprise louable, mais la place qu’occupe le Congo est un discrédit pour une nation qui sort d’une longue guerre fratricide et dont le gouvernement se voulait salutaire et respectueux des droits de l’homme au lendemain des premières élections démocratiques de son histoire. Le paradoxe est vraiment à son comble quand on sait la position géographique et géopolitique de ce pays-continent qui regorge de nombreuses richesses !
Mais, hélas, lorsqu’ils accèdent au pouvoir, le premier réflexe de nos dirigeants est de vite s’enrichir, ensuite de se construire des villas de rêve aux antipodes et, enfin, d’élargir la liste de leurs maîtresses. Robert Gabriel Mugabe, par exemple, diabolise l’homme blanc mais berne son peuple en criant « notre pays », « notre souveraineté » ! Ne roule-t-il pas en Rolls Royce au moment où les siens fouillent les poubelles ? Nos leaders doivent rendre des comptes mais le chemin est encore long.
Trésor Gilbert Ramazani, Westfalen, Allemagne

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