Voyage autour de la Terre

Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

L’idée de ce livre, expliquent les auteurs, est née d’un paradoxe : les gens, les Français en particulier, n’ont jamais autant voyagé, mais ils n’ont jamais non plus autant ignoré la géographie ! Idem pour ce qui est des images stupéfiantes, prises en altitude ou depuis l’espace, dont nous disposons aujourd’hui : on voit tout et tout de suite, mais on ne comprend rien
Jean-Claude Barreau et Guillaume Bigot ont donc voulu, avec cet ouvrage, fournir des fondamentaux qui puissent « permettre de lire la Terre comme un livre ouvert et plein de sens, comme les beaux atlas de nos grands-parents avec leurs couleurs délavées et leurs couleurs mystérieuses ».
Le résultat est à la hauteur des ambitions. En lisant cet essai, on a vraiment l’impression de faire un tour du monde à la façon des voyageurs d’autrefois, car les pays sont présentés les uns après les autres non pas par ordre alphabétique, mais selon un ordonnancement strictement géographique. Dans le chapitre intitulé « Les péninsules méditerranéennes », par exemple, on passe de l’Espagne à la Turquie en passant par l’Italie, les Balkans, le Maghreb.
Dans ce précis de géographie, on trouve aussi beaucoup d’histoire, ainsi que nombre d’éclairages originaux aidant à comprendre pourquoi le monde actuel est ce qu’il est.

Religions et mondialisation

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Bien avant les temps modernes, les grandes religions ont été de puissants facteurs de mondialisation, en particulier le christianisme, religion juive et messianique porteuse de l’idée que l’avenir peut être meilleur que le passé, de l’idée de progrès, messianisme laïcisé. Le christianisme a permis les avancées techniques et la conquête des mers. [] L’horreur du changement du confucianisme ou le détachement du bouddhisme ne furent pas favorables au développement technique.
Les Chinois ont tout inventé – la poudre, la boussole -, mais ils n’ont voulu se servir de rien, tout cela restant pour eux des jeux de société. Les Européens chrétiens ont vu la poudre et ils ont fondu des canons – on ne soulignera jamais assez les dommages collatéraux des bonnes idées

Lié à la conquête européenne des mers, le christianisme est présent plus ou moins dans le monde entier. C’est une religion « attrape-tout ». Elle baptise et assimile volontiers les réalités culturelles qu’elle rencontre. Pour cette raison, elle se présente sous des aspects très variés : la ressemblance entre un catholique philippin et un luthérien danois n’est pas évidente.
L’islam, au contraire, impose à ses fidèles une forte empreinte. Partout, alors qu’il n’est pas seulement arabe, mais aussi turc, persan, indien, le monde musulman, au-delà des différences doctrinales (sunnisme et chiisme), frappe le voyageur par une certaine uniformité. Par ailleurs, cette religion a connu son expansion principale dans l’univers sahélien et a eu du mal à sortir de sa niche écologique originelle, celle des cités-oasis. L’humidité, la forêt, la pluie l’ont fait reculer – nous l’avons noté aussi bien dans les Balkans que dans l’Afrique équatoriale.

Mais toutes les règles ont leurs exceptions. En Malaisie, en Indonésie, l’islam a su devenir un islam des mers. Cette exception augure bien de sa capacité future d’adaptation, maintenant que l’émigration a mené des dizaines de millions de musulmans en Europe et en Amérique. Le jeûne du ramadan, par exemple, était prévu pour les pays où alternent le jour et la nuit (on jeûne le jour, on mange la nuit). Sur les forages pétroliers norvégiens du nord du cercle polaire où il n’y a pas de nuit l’été, comment faire ? L’adaptation de l’islam aux contraintes d’une géographie de diaspora est l’un des enjeux de l’Histoire.
Restent encore de nombreuses religions locales. Prospèrent toujours des religions continentales. [] Le bouddhisme, chassé d’Inde par les brahmanes, s’est recombiné avec divers animismes pour donner le tantrisme tibétain et le shintoïsme japonais, ou avec la sagesse de Confucius et le culte des ancêtres pour enfanter l’immense civilisation chinoise. L’hindouisme, encore plus stable, serait resté enfermé dans le sous-continent indien si l’ordre britannique n’en avait pas envoyé les hommes jusqu’à l’île Maurice ou à celle de la Trinité.

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