eezydeel.ci, Leboncoin version ivoirienne
S’inspirant du succès d’eBay, deux anciens cadres des télécoms lancent eezydeel.ci, le premier site d’annonces créé par des Ivoiriens pour les Ivoiriens.
Il a le surnom d’un jeune patron de la Silicon Valley. Pourtant c’est à Abidjan que Djack – de son vrai nom Djakaridja Ouattara – a créé sa start-up. Cet entrepreneur de 40 ans a lancé, en novembre, le site eezydeel.ci (pour easy deal). Le concept est simple et connu : « Le site référence des petites annonces venues de tout le pays, par commune et par zone de communes », explique Djack, avant d’ajouter que toute ressemblance avec ses aînés, l’américain eBay ou le français Leboncoin, s’arrête là.
Simplissime
Costume gris, lunettes carrées, le patron geek – même s’il se défend de l’être – dégaine son argumentaire. « Au-delà du site, nous misons sur le mobile et les SMS. » Et d’enchaîner la démonstration, portable et ordinateur à l’appui, pour prouver que le service est opérationnel et qu’il suffit d’avoir un téléphone mobile pour acheter ou vendre.
« L’interface du site est simplissime et l’utilisateur n’a qu’à envoyer un SMS au numéro unique mis en place en indiquant soit la description du bien ou service qu’il souhaite vendre, soit le numéro de l’annonce qui l’intéresse. » Sitôt dit sitôt fait. Et un SMS confirme au vendeur que son annonce est en ligne ou, s’il s’agit d’un acheteur, lui donne les coordonnées du vendeur. À eux de s’entendre sur les modalités de la transaction. L’utilisation du mobile permet de contourner les écueils habituels des sites d’e-commerce sur le continent (faible taux de bancarisation, défiance envers internet, etc.), eeZydeel n’étant, au final, qu’un simple support centralisant les petites annonces. Côté pécuniaire, « cela ne coûte que le prix d’un texto, soit 100 F CFA » (15 centimes d’euros), dont une partie revient à l’éditeur du site, eeZy Mobile Solutions. Le reste des revenus sera assuré à long terme par la publicité.
Avec 14 millions d’utilisateurs de portable dans le pays, la start-up devrait vite se faire une clientèle.
Quant aux risques d’arnaques, l’entrepreneur estime que, entre le paiement du texto et la campagne d’identification des abonnés au mobile en cours depuis plusieurs mois dans le pays, il serait assez aisé de retrouver les fraudeurs. S’il sait si bien vendre son business model, c’est que Djakaridja Ouattara, cadre dans un grand groupe chinois, a passé plus de treize ans dans le secteur des télécoms.
Associés
Et il a embarqué dans l’aventure Aboubakar Coulibaly, l’ancien directeur marketing de MTN Côte d’Ivoire. Les deux associés financent leur projet sur fonds propres à hauteur de 40 000 euros, dont 15 000 ont déjà été investis dans le développement web et dont 25 000 sont prévus pour la communication. Avec un taux de pénétration du mobile de 70 % en 2012 et 14 millions d’utilisateurs de téléphone portable sur 22 millions d’habitants, le pays a en effet le bon profil pour nourrir leurs espoirs.
Maisons, voitures, chaussures, aliments pour bétail, cours de conduite, organisation de mariage… Sur eeZydeel, on achète et on vend déjà de tout. Mais il faudra du temps pour que le site décolle vraiment. Son équivalent français, leboncoin.fr, créé en 2006, a mis cinq ans : il pèse désormais 400 millions d’euros et affiche 20 millions d’annonces, dont 500 000 nouvelles postées chaque jour. Loin, très loin des 4 000 annonces d’eeZydeel. En attendant, Djack planche déjà sur les possibles déclinaisons du site sur papier, dans les pays voisins, et sur les meilleurs moyens de monnayer son audience.
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