Un ticket pour la grande bouffe

Gros succès pour PrimeTime Tables, qui propose à ses clients des réservations dans des restaurants huppés, même à la dernière minute.

Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le « prime time », à la télévision, c’est l’heure de grande écoute. Il existe aussi, à New York, un « prime time » pour les restaurants recherchés, une heure où il est impossible de trouver ou de réserver une table. Fort de cette constatation, un Français, Pascal Riffaud, a créé une société qui tient à la disposition de ses clients des réservations sûres, même de dernière minute. Elle a pour nom, bien évidemment, PrimeTime Tables. Son succès a valu à Riffaud l’inimitié de certains restaurateurs, mais aussi un portrait dans le bimensuel Fortune.
Ancien concierge de l’hôtel Ritz à Paris et du St Regis à New York, Pascal Riffaud, 43 ans, avait déjà fondé dans cette dernière ville, en 1994, Personal Concierge International, qui, contre un abonnement de 4 000 dollars (3 000 euros) par an, organisait des voyages pour ses clients ou leur trouvait des billets pour des spectacles qui se jouaient à guichets fermés. En 2005, il eut un appel d’une dame qui avait eu l’idée des PrimeTime Tables, mais qui ne proposait ses réservations qu’à des concierges de grands hôtels. Il lui racheta l’idée pour 30 000 dollars, et se mit au travail – en utilisant le Web et en élargissant la clientèle. Il trouva des gens prêts à payer de 35 à 45 dollars pour une réservation dans un restaurant à la mode, ou un abonnement de 450 dollars par an qui leur donnait droit à une réduction.
Le succès de Riffaud n’est pas du goût de certains restaurateurs, qui l’accusent d’être à l’origine de « no-shows », de réservations qu’on n’honore pas, donc d’un manque à gagner. Il répond que des clients qui paient pour une réservation sont plus sûrs d’y donner suite que ceux qui se contentent d’un coup de téléphone.
En réalité, dit John Heilemann, l’auteur de l’article de Fortune, les restaurateurs veulent garder la main sur leurs clients et ils n’aiment pas qu’on se fasse de l’argent sur leur dos. Riffaud répond qu’il ne retient jamais plus d’une table pour un repas et que sa ristourne est l’équivalent du pourboire qu’on donne au concierge d’un grand hôtel. Pour déjouer les embûches qu’on lui tend, il fait réserver des tables sous de faux noms et les ordres ne partent jamais de ses bureaux. Le vrai danger, pour lui, viendrait plutôt d’un chef comme Mario Batali, le plus célèbre de New York, copropriétaire de trois restaurants, le Babbo, le Del Posto et le Lupa. « Qu’il continue, dit Batali, et qu’il se constitue une vraie clientèle. Alors, je la lui rachèterai et, moi, je ferai payer beaucoup plus cher. »
Riffaud connaît les intentions de Batali, mais il ne se laisse pas décourager. Il sait que peu de restaurateurs new-yorkais ont les moyens ou le culot de Batali. Il prépare même une fuite en avant : d’autres PrimeTime Tables à Paris, à Londres ou dans d’autres grandes villes. Mais les grands restaurants qui affichent complet y sont-ils aussi nombreux qu’à New York ?

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