Côte d’Ivoire : banques cherchent clients
Alors que les privés revoient leur stratégie pour changer les mentalités, l’État doit trancher sur l’avenir des groupes publics.
Avec 23 établissements, la Côte d’Ivoire possède le réseau bancaire le plus dense de l’Union économique et monétaire des États de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Pourtant, le nombre de comptes ouverts ne dépasse pas les 3 millions… « Le taux de bancarisation hors microfinance est de 10 % [soit deux fois moins qu’au Nigeria ou au Togo, NDLR]. Mais nous ne perdons pas espoir, assure un banquier de la place. C’est un problème de culture, que nous nous efforçons de régler. Notre objectif est d’atteindre le niveau de bancarisation du Nigeria ou de l’Afrique australe, et nous y parviendrons. » Certes. Mais quand ?
Proximité
Les banques se sont toutes mobilisées pour accompagner la relance économique, mais les clients ne sont pas au rendez-vous. Selon les dernières statistiques de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), entre janvier et fin octobre 2012 les ressources des institutions bancaires ont augmenté de 682 milliards de F CFA (1 milliard d’euros). Une progression appréciable par rapport aux 3 000 milliards de F CFA difficilement atteints un an plus tôt. Mais le secteur peut mieux faire et mobiliser plus de 10 000 milliards de F CFA. Pour cela, plusieurs banques ont revu leur stratégie de développement en l’axant sur des programmes de proximité. Des agences ouvrent à tous les coins de rue pour capter la moindre ressource financière.
Fusion
Avant la fin du premier semestre, le secteur public doit par ailleurs faire sa mue. L’État prévoit en effet d’engager sa réforme, qui passera par la restructuration ou la privatisation des cinq établissements publics que sont la Banque nationale d’investissement (BNI), la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA), la Caisse nationale de crédit et d’épargne (CNCE), la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (BHCI) et Versus Bank. « Seule la BNI tire son épingle du jeu et peut rivaliser avec la Société générale ou Ecobank. Les autres banques publiques tentent de se stabiliser. Des réflexions sont en cours pour trouver une meilleure formule de privatisation », affirme Jean-Luc Ruelle, directeur Afrique francophone du cabinet de conseil KPMG. Poids lourd des banques publiques avec 304 milliards de F CFA de ressources à la fin d’octobre 2012, la BNI fusionnera avec la CNCE pour donner naissance à un grand pôle bancaire public qui financera le développement du pays.
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Quant à la BHCI, elle sera recapitalisée pour accompagner la politique de logements sociaux mise en oeuvre par le chef de l’État, Alassane Ouattara. Versus Bank, ancienne filiale du groupe L’Aiglon (repris par l’État en 2009), repassera sous contrôle privé. Enfin, la BFA, plombée par des dettes douteuses et non recouvrables, sera mise en liquidation. « C’est la stratégie qui a été retenue pour le moment. Un appel d’offres a été lancé pour recruter un cabinet d’audit qui fera une évaluation financière de ces banques », explique une source proche du dossier.
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