Le port d’Abidjan voit plus grand

Les activités du port sont reparties à la hausse et les opérateurs relancent les investissements, en attendant de savoir qui réalisera et exploitera le second terminal.

Cœur du Port d’Abidjan, le terminal a conteneurs, concédé au groupe Bolloré depuis 2004. © Vincent Fournier/JA

Cœur du Port d’Abidjan, le terminal a conteneurs, concédé au groupe Bolloré depuis 2004. © Vincent Fournier/JA

Julien_Clemencot

Publié le 22 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Temps clair et mer calme sur les rives de la lagune Ébrié. Pour le Port autonome d’Abidjan (PAA), 2012 aura été l’année du renouveau après la crise postélectorale de 2011 qui avait mis ses dockers au chômage. Fini l’époque où ces derniers guettaient, inquiets, l’arrivée des navires par le canal Vridi. Sur les quais, les grues chargent et déchargent les cargos dans un ballet incessant.

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Selon les estimations d’octobre 2012, l’activité portuaire devait culminer à 24 millions de tonnes pour 2012, alors que les prévisions tablaient sur 19 millions, et pas moins de 600 000 conteneurs équivalent vingt pieds (EVP, environ 38,5 m3) auraient transité par Abidjan, contre 540 000 en 2010. Une croissance irriguée par le redémarrage de l’économie nationale, mais aussi par la demande des pays enclavés de l’hinterland (Mali, Burkina Faso), qui utilisent à nouveau le corridor ivoirien pour leurs importations (engrais, riz) et leurs exportations (coton). « Les activités qui étaient parties à Lomé, Tema ou Dakar pour le Mali sont en train de revenir à Abidjan », indiquait au cours du dernier trimestre 2012 la directrice de la coopération internationale du PAA, Okou Coulibaly D. Gon. De quoi faire souffler un vent d’optimisme. En 2013, Abidjan espère ainsi assurer la manutention de 1,5 million de conteneurs grâce aux investissements réalisés par les opérateurs. Après avoir obtenu sa concession à la faveur d’un accord de gré à gré, le groupe Bolloré aurait notamment injecté 70 milliards de F CFA (environ 107 millions d’euros) entre 2004 et 2013 pour mettre à niveau les infrastructures portuaires. Un effort suffisant pour faire taire les critiques au sein du gouvernement Ouattara.

Rêves de Bal

D’autant que l’opérateur a accepté fin 2012, après quelques discussions et sans doute quelques contreparties, une baisse de ses tarifs. Un esprit de coopération qui ouvre la voie à de nouveaux investissements de la part du groupe français, qui pourrait être l’un des principaux artisans de la transformation du port. Parmi ses projets, pour lesquels il a annoncé avoir prévu une enveloppe de 230 millions d’euros pour les cinq prochaines années, le groupe prépare la création de deux plateformes logistiques, l’une pour les produits pétroliers, l’autre pour les produits miniers. Bolloré Africa Logistics (BAL) est également candidat à la réalisation et à l’exploitation du second terminal à conteneurs, dont l’appel d’offres est en cours d’examen. Le français Necotrans et le suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) figurent aussi parmi les prétendants. Le vainqueur du contrat devrait être connu au mois de mars. Évalué entre 400 millions et 500 millions d’euros, ce chantier sera achevé en 2015. À terme, la nouvelle infrastructure permettra de traiter 2 millions d’EVP.
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Autre aménagement stratégique planifié par le PAA : l’élargissement et l’approfondissement du canal de Vridi, reliant la lagune à l’océan. Le principal bailleur du projet est la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), avec un prêt de 35 millions d’euros accordé le 12 décembre 2012. Le port ivoirien pourra ainsi accueillir des navires de 350 m de long et 15,5 m de tirant d’eau (contre 11,5 m actuellement), quelles que soient les conditions de marée.

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« Notre objectif est de faire d’Abidjan un hub à mi-chemin entre les grandes lignes maritimes au nord et au sud du continent africain par l’accroissement du trafic de conteneurs de transbordement et de transit et par la fidélisation des armateurs », confirme le directeur général du port, Hien Sié. Preuve de l’attractivité retrouvée du PAA : l’ouverture, il y a quelques semaines, d’une ligne Anvers (Belgique)-Abidjan par le groupe NMT Shipping, spécialiste européen du transport de véhicules roulants.

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