Max Roach

Jazzman américain et militant antiapartheid.

Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Avec le batteur américain Max Roach, décédé le 16 août dernier des suites d’un cancer à l’âge de 83 ans, Nelson Mandela perd l’un de ses plus fervents défenseurs, qui n’a cessé de dénoncer l’apartheid tout au long de sa carrière comme la continuité logique d’une vie militante. L’engagement politique de ce musicien hors pair reste indissociable de sa musique – le jazz – qu’il contribuera à révolutionner. « L’art a pour mission d’éclairer l’esprit », aimait-il à répéter. De fait, confronté au racisme dès son plus jeune âge, il engage très tôt une réflexion sur la condition des Noirs aux États-Unis, mêlant à sa création prolifique les principes intangibles de paix, de justice et d’égalité.

Diplômé de la Manhattan School of Music, il est de tous les événements qui forgeront les pages les plus étincelantes de l’histoire du jazz, terme qu’il conspuait volontiers, lui préférant celui de « musique africaine-américaine ». Précurseur de la révolution bop dans les années 1940 avec Charlie Parker, Charles Mingus, Dizzy Gillespie et Thelonious Monk, il participe aux côtés de Miles Davis à la naissance du cool jazz avec l’album Birth of the Cool (1949) et forme, en 1954, l’un des quintets les plus en vue dans lequel on retrouve le trompettiste Clifford Brown et le saxophoniste Sonny Rollins. Roach radicalise par la suite sa musique en enregistrant avec sa femme du moment, Abbey Lincoln, des albums aux accents ouvertement antiracistes dont We Insist ! Max Roach’s Freedom Now Suite (1960) et Percussion Bitter Sweet (1961). Le batteur défend la cause noire aux côtés de Malcolm X puis, dans une posture moins excessive mais tout aussi fervente, auprès du révérend Martin Luther King.

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À cette carrière protéiforme s’ajoutait une beauté qui contribua à forger sa légende. Celle de l’homme tout d’abord : élancé avec des traits fins, toujours tiré à quatre épingles dans des costumes sur mesure, Max Roach était d’abord un style, une gestuelle, une esthétique de la musique. Le regard en perpétuelle concentration sur des peaux hypertendues, le corps droit rivé sur son siège comme pour mieux s’ancrer dans le sol, il ne débutait pas un concert sans lever les bras au ciel en guise d’incantation.
Beauté du son ensuite : il restera dans l’histoire de la musique du XXe siècle celui par qui la batterie a acquis ses lettres de noblesse. Alliant polyrythmie et puissance à la brillance de l’attaque, il est l’un des rares à donner toute la dimension mélodique de l’instrument, aidé en cela par une frappe millimétrée et des figures déconcertantes qui lui vaudront le qualificatif « d’arithméticien du rythme ». Chacune de ses prestations est l’occasion pour un public médusé et fasciné de constater que la batterie peut être un instrument à part entière. Roach peut d’ailleurs s’enorgueillir d’effectuer des concerts en solo, souvent de plus d’une heure, sans jamais lasser, y compris les plus profanes.
Beauté des compositions, enfin. Max Roach était d’une espèce rare : celle des batteurs maîtrisant l’écriture et l’harmonie musicales comme l’illustrent les dizaines de morceaux dédiés à son instrument parmi lesquels le très évocateur « The Drum also Waltzes » (« Le tambour peut aussi valser »). Il était l’incarnation même de la musique noire américaine. Une stature que le batteur Roy Haynes, 82 ans, unique survivant de cette période, est désormais le seul à pouvoir revendiquer.

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