L’union fait la force
Dans son rapport 2007, la Cnuced plaide pour un renforcement des politiques publiques régionales, notamment sur le continent.
Comme chaque année, le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) analyse les principales tendances économiques mondiales ainsi que les problèmes qui entravent les politiques de développement. Outre qu’elle dresse un bilan – plutôt positif – de la conjoncture internationale, l’édition 2007, rendue publique le 5 septembre, s’intéresse plus particulièrement aux politiques de coopération régionale.
Selon les experts de l’ONU, il y a peu de chances que l’on recoure à l’échelle mondiale à des mécanismes de contrôle, notamment des modifications de taux de change réels (qui déterminent la compétitivité des économies ouvertes). D’où l’intérêt d’évaluer les différentes coopérations économiques régionales, qui ont été les solutions les plus expérimentées ces dernières années pour pallier les défauts du système financier international. Une excellente stratégie, note le rapport, à condition de ne pas se borner à une simple libéralisation des échanges.
Or c’est là que le bât blesse. La frustration née de la lenteur des négociations multilatérales mondiales (comme celles du cycle de Doha) a conduit de nombreux gouvernements à multiplier les accords bilatéraux, d’ordre régional ou Nord-Sud. Si lesdits accords présentent des avantages évidents en termes d’accès à certains marchés, ils comportent aussi de gros inconvénients, comme celui de fragiliser la cohérence des politiques nationales de développement.
Plus contraignant que l’OMC et fondé sur la réciprocité des accords, ce « néorégionalisme » bilatéral est accusé par les experts de mettre les pays en développement dans une position désavantageuse en les obligeant à baisser leurs droits de douane. Surtout, il n’ouvre aucune perspective à ce qui serait le meilleur débouché des pays africains dans les économies occidentales : les produits agricoles. Ses avantages sont donc loin d’être acquis, alors que la perte d’autonomie politique, elle, est certaine.
On l’aura compris, la Cnuced plaide pour un renforcement des politiques publiques régionales. À ce jeu, souligne le rapport, certains s’en tirent mieux que d’autres. Les échanges intrarégionaux représentent ainsi près de 50 % des échanges totaux en Asie du Sud-Est, contre 30 % en Amérique latine (Mexique non compris) et moins de 10 % en Afrique. Sur le continent, seules la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC, avec 9 %), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA, avec 11 %) et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao, avec 10 %) réalisent plus de 5 % d’échanges internes.
Cette faiblesse tient d’abord à la structure de la production, qui privilégie les matières premières. Par exemple, seuls 2 % des échanges de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) sont intrarégionaux, essentiellement du fait que cinq pays membres sur six exportent du pétrole hors de leur zone (Cameroun, Tchad, Congo, Guinée équatoriale, Gabon). Ce schéma ne favorise pas non plus les échanges entre la Cemac et l’UEMOA, qui sont quasiment nuls, alors que ces deux organisations font partie de la même zone monétaire (CFA) !
L’insuffisance des échanges régionaux tient aussi au déséquilibre entre les économies des pays concernés. Les « grands », tels l’Afrique du Sud et l’Angola pour la SADC ou le Nigeria pour la Cedeao, ont des économies essentiellement extraverties au niveau mondial (à l’export comme à l’import). Ils ne jouent donc aucun rôle moteur dans la croissance des échanges intrarégionaux, qui restent marginaux et à sens unique.
Si on excepte le Nigeria, qui réalise 75 % des exportations et 45 % des importations de la Cedeao, cette dernière présente un taux d’échanges internes de 20 %. Mais ce sont les pays enclavés, tels le Burkina, le Mali, le Niger, approvisionnés en produits finis importés par des pays côtiers comme le Togo et le Sénégal, qui en assurent la plus grande partie. Un commerce qui ne pourra croître, rappelle la Cnuced, qu’à condition d’en finir avec les tracasseries administratives et le racket routier.
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