Le dernier voyage
Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 1 minute.
Inhumée le 9 septembre 1997 dans un cimetière chrétien de Rabat, la dépouille du maréchal Mobutu Sese Seko sera rapatriée en République démocratique du Congo à une date encore indéterminée. Et pour cause. La chapelle-crypte Marie-la-Miséricorde qui abrite le caveau familial à Gbadolite a été mise à sac par des pillards. Le rapatriement de ses restes ne s’effectuera qu’à la fin des travaux de réfection. Le vaste domaine imaginé par l’architecte sénégalais Pierre Goudiaby à la demande du maréchal Mobutu a même été incendié par endroits. Des travaux qu’on imagine trop onéreux pour une famille qui se défend d’avoir hérité d’une fortune colossale. Le transfert de la dépouille pourrait donc traîner en longueur pour une banale question d’argent.
Par ailleurs, à l’évidence, le dénouement heureux de cette décennie d’exil n’est pas dénué d’arrière-pensées politiques. La réhabilitation programmée de l’ancien chef de l’État est présentée par les dirigeants congolais comme une volonté de réconciliation nationale. En revanche, pour les adversaires politiques de Joseph Kabila, elle n’est qu’un effet d’annonce destiné à couper l’herbe sous le pied au rival Jean-Pierre Bemba. En effet, entre autres intérêts, deux points de convergence ont favorisé le rapprochement entre Nzanga Mobutu et Joseph Kabila : le retour des restes du maréchal et la détestation de Jean-Pierre Bemba.
Inaugurée en 1969 par le maréchal Mobutu lui-même, lorsqu’il organisa des obsèques nationales à son prédécesseur et rival Joseph Kasavubu, la réhabilitation des ennemis disparus est devenue une tradition en RD Congo. Le maréchal Mobutu fit également réhabiliter son ennemi Patrice Emery Lumumba, livré à Moïse Tshombe et fusillé le 17 janvier 1961 aux côtés de Maurice Mpolo et Joseph Okito, deux membres de son équipe. Lumumba a été consacré héros national en 1966 et le retour de son épouse d’Égypte fut célébré comme un événement national. Manifestement, Joseph Kabila entend perpétuer la pratique.
