Électrochoc

Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Personne ne pouvait prévoir, il y a seulement quelques mois, ce qui se passe aujourd’hui en Guinée. Le déclic est venu des violentes manifestations populaires de janvier et février 2007 qui ont fait 120 morts et des dizaines de millions de dollars de dégâts matériels. Le pays a subi un véritable électrochoc. Qui a été suivi d’un grand chamboulement.
Tous les hommes et femmes aux affaires avant ces dramatiques événements sont aujourd’hui au chômage. Ministres, gouverneurs, préfets et directeurs nationaux ont été emportés par un immense coup de balai.

Le 26 février, le chef de l’État, Lansana Conté, a été conduit à nommer un Premier ministre sur une liste proposée par les syndicats et la société civile. Les membres du gouvernement et les hauts fonctionnaires en charge de l’administration territoriale, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale, ont tous été désignés par le chef du gouvernement, Lansana Kouyaté. Un comble pour le « général-président » qui a régné pendant vingt-trois ans sur ce grand pays de l’Afrique de l’Ouest ! Celui qui faisait et défaisait les carrières, régentait tout l’État et disposait à sa guise de ses finances est aujourd’hui « encadré ».
Le gouvernement travaille sous la stricte supervision de l’opinion, qui réclame la transparence dans la gestion des affaires publiques et, surtout, une très nette amélioration de son quotidien. La presse, qui joue son rôle de contre-pouvoir et d’observateur, reste vigilante. Le mouvement citoyen se densifie et s’enrichit d’associations intervenant sur des enjeux divers : la protection des droits de l’homme, la lutte contre l’arbitraire et l’impunité, le refus de la cherté de la vie, la défense des consommateurs d’eau, d’électricité, de téléphone

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Les Guinéens refusent que le sacrifice des victimes de janvier-février soit vain. Et exigent désormais d’être mieux gouvernés, après avoir été longtemps perçus comme l’un des peuples les plus soumis et les plus résignés d’Afrique. Les citoyens s’impliquent, s’expriment, organisent des conférences publiques sur des thèmes autrefois tabous : les détournements de deniers publics, l’incompétence des élites, l’ethnocentrisme, les injustices sociales Jadis simple caisse de résonance du palais, la télévision nationale s’autorise aujourd’hui des débats d’idées et invite d’impertinents intervenants.
Rompant avec les habitudes du passé, le gouvernement s’explique, rend compte au quotidien de son action Et commence à produire des résultats économiques qu’une partie de ce dossier évoque. Le choc de ce début d’année a été violent mais salutaire. À toute chose malheur est bon. La Guinée bouge.

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