Fortune mal acquise…

Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 16 juillet dernier, en visite à Kinshasa, la présidente de la Confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey, a annoncé la restitution prochaine à la République démocratique du Congo (RDC) de 8 millions de francs suisses (environ 4,8 millions d’euros) provenant d’un compte ayant appartenu à Mobutu Sese Seko, bloqué depuis sa mort en 1997. La chef de l’État suisse a justifié cette décision par l’origine frauduleuse de cet argent. De quoi provoquer l’indignation de Nzanga Mobutu, le fils de l’ex-dictateur et membre du gouvernement congolais. « Si cet argent a été détourné, qu’on nous le prouve, et s’il n’existe pas de preuves, qu’on nous le rende ! » avait-il alors déclaré. Pendant dix ans, la Suisse a attendu que la RD Congo apporte les preuves que ces millions avaient été volés au peuple congolais, pour pouvoir entamer le processus de restitution. En vain. Aucun responsable n’a, jusqu’à présent, confirmé que l’homme à la toque de léopard s’était servi dans les caisses de l’État.

Tout porte à croire pourtant que Mobutu a tiré une partie de ses « revenus » des millions de dollars alloués par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à l’ex-Zaïre. En 1982, le responsable local du FMI avait rédigé un rapport dans lequel il alertait sa hiérarchie sur les pratiques du régime. Sans résultat. Le riche sous-sol congolais aurait également servi de deuxième vache à lait au dictateur. Pour beaucoup, en détournant l’argent de la Gécamines et des entreprises d’État, Mobutu a tué la poule aux ufs d’or. À la fin de son règne, les caisses de l’État étaient si désespérément vides qu’il a eu recours à la planche à billets, entraînant un taux d’inflation à quatre chiffres que la Banque centrale a mis dix ans à juguler.
Difficile de dire aujourd’hui où est passé le reste de la fortune de Mobutu. En 2004, un rapport de l’ONG Transparency International évaluait à 5 milliards de dollars le pactole détourné par Mobutu. Or, entre l’argent déposé dans les banques suisses et les différentes propriétés acquises durant son règne (deux ont déjà été vendues, l’une à Bruxelles, l’autre en Suisse), le compte n’y est pas. Certains observateurs soupçonnent le patriarche d’avoir disséminé son argent sur d’autres comptes, dans des paradis fiscaux, comme Monaco, où 2,7 millions de dollars appartenant à Mobutu ont eux-mêmes été détournés par un banquier peu scrupuleux. Plus pragmatiques, certains analystes estiment que Mobutu a tout simplement redistribué une partie de sa fortune mal acquise, financé lui-même son armée lors de la guerre de 1996-1997 (qui se solda par une débâcle) et dilapidé ce qui lui restait pendant ses quatre mois d’exil. « Notre famille n’est pas riche, c’est un mythe », martèle Nzanga Mobutu. À qui la faute ?

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