Noix de cajou, la pépite inattendue de la Côte d’Ivoire

À peine cultivé il y a dix ans, l’anacarde vient de se hisser sur le podium des produits agricoles d’exportation du pays, derrière le cacao et le latex.

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Publié le 20 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Longtemps planté dans le nord de la Côte d’Ivoire pour combattre l’avancée du désert, l’anacardier pourrait bien servir aujourd’hui à lutter contre la pauvreté dans la partie la plus déshéritée du pays. Non plus avec son bois, largement utilisé depuis les années 1960, mais grâce à sa noix de cajou qui, en une décennie, s’est imposée comme une alternative viable au coton, culture de rente traditionnelle de la région. « L’anacarde peut jouer dans le Nord un rôle identique à celui du cacao dans le reste du pays », estime Massogbé Touré Diabaté, patronne de la Société ivoirienne de traitement d’anacarde (Sita).

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En moins de dix ans, la noix de cajou a pris une place non négligeable dans l’agriculture ivoirienne. Le pays en est devenu le deuxième producteur mondial derrière l’Inde, avec 430 000 tonnes récoltées en 2012 (soit 18 % des volumes mondiaux), et le premier exportateur de la planète.

Les 390 000 t expédiées l’an dernier (à 98 % vers l’Inde) ont rapporté plus de 225 millions d’euros au pays et renforcé la position de l’anacarde sur le podium des grands produits agricoles d’exportation, derrière le cacao et le caoutchouc, mais devant le café. « Un résultat d’autant plus remarquable que l’essor de la filière s’est produit durant une période de crise, dans une partie du pays qui était coupée des grands centres de décisions et des ports », rappelle un expert de la Banque mondiale.

Nouvelle star

S’appuyant sur un verger relativement jeune, l’avenir de l’anacarde ivoirien et de ses 320 000 planteurs semble donc prometteur en Côte d’Ivoire. Après des années d’indifférence, les pouvoirs publics semblent enfin avoir pris conscience du potentiel de ce nouveau produit star et affichent « une vraie volonté de soutenir la filière », apprécie Massogbé Touré Diabaté.

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Des produits à la noix

Que peut-on tirer de l’anacarde ? La Côte d’Ivoire en produit beaucoup, mais transforme peu et, surtout, ne consomme aucune de ses deux composantes comestibles : l’amande et la pomme de cajou. Dégustée crue ou grillée et salée, l’amande peut être broyée pour entrer dans la composition de plats et de desserts, ou pressée, pour extraire une huile appréciée des gastronomes… et aussi utilisée dans les cosmétiques ou dans la fabrication de pâte à papier. De la pomme peuvent être tirés du vin, du sirop et des jus, ainsi que des gelées et des confitures. La coque, elle, sert de combustible, tandis que le baume qu’elle contient possède des propriétés médicinales et peut contribuer à produire des encres, des vernis protecteurs, des adhésifs et des insecticides. L’anacarde est également utilisé dans la fabrication de plaquettes de freins et d’isolants. Enfin, la pellicule qui entoure la noix sert de complément à la nourriture animale. L’Inde et le Brésil fabriquent l’ensemble de ces sous-produits.

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En plus de la qualité des noix, pour l’instant inférieure aux productions béninoises ou bissau-guinéennes, le gouvernement a fait de la transformation locale sa priorité. La Côte d’Ivoire a beau être le premier transformateur de la filière en Afrique de l’Ouest, l’activité ne concerne pas plus de 6 % des volumes produits. « Nous avons l’ambition d’en transformer 50 % à l’horizon 2015 », a déclaré Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre de l’Agriculture, qui pour atteindre ce résultat compte sur le secteur privé.

En plus des entreprises nationales, comme Sita, qui transforme 1 500 t par an, le pays peut s’appuyer sur la présence du singapourien Olam, qui, après avoir ouvert à Bouaké sa seconde unité de transformation en février 2012, dispose d’une capacité de 40 000 t.

D’autres projets pourraient voir le jour très rapidement, initiés par des acteurs locaux, comme Sifca, ou étrangers, comme l’indien Rajkumar Impex ou le groupe Aga Khan. L’enjeu est de taille pour le pays. Car, outre la valeur ajoutée créée, la transformation locale d’un tiers de la production pourrait, selon la Banque mondiale, générer plus de 40 000 nouveaux emplois.

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