Ahmed Attia, un homme d’exception
Publié le 9 septembre 2007 Lecture : 1 minute.
Le producteur de cinéma tunisien Ahmed Attia, qui vient de disparaître (voir J.A. n° 2433), était un homme exceptionnel à plus d’un titre : homme d’action et bâtisseur, doté d’un courage inouï face à l’adversité, son intelligence et son extraordinaire capacité de décision immédiate lui donnaient les qualités rares d’un véritable chef. Mais il avait aussi, avec le sens de l’amitié et de la famille, les qualités issues de sa profonde tunisianité : la souplesse et l’adaptabilité, le charme et la séduction, la force de vous convaincre, de tout et de son contraire, de vous entraîner dans son enthousiasme, écartant tout ce qui pouvait s’opposer à son projet quitte à se faire beaucoup d’ennemis ! Des ennemis qu’il avait le talent de récupérer par la suite, ramenant à ses légendaires tablées de bon vivant et de grand seigneur les adversaires d’hier !
Car celui qui était à la fois producteur, distributeur, dirigeant de syndicats, de festivals et d’associations, fondateur du premier studio de dessins animés en Afrique, cette figure souvent controversée mais incontournable du succès du cinéma tunisien, cet homme charismatique, excessif et généreux, flambeur et combatif, qui brûlait la vie par les deux bouts et qui riait de se voir traiter de mégalomane, n’était pas un égoïste, et encore moins un nationaliste étroit. À l’instar de son grand ami et frère spirituel Noureddine Saïl, directeur du Centre cinématographique marocain, il avait largement débordé les frontières de son pays pour produire ou coproduire des films de réalisateurs d’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou du Proche-Orient, avec la même énergie et le même enthousiasme. Quelques semaines après ce véritable « monument » qu’était le cinéaste et écrivain sénégalais Sembène Ousmane, un autre grand porteur du rêve de cinémas africains authentiques, détaché des modèles commerciaux égyptiens, indiens ou hollywoodiens, disparaît à son tour. En vertu de ce que tous deux ont accompli, ce rêve doit continuer.
