Une approche hypocrite
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Le problème fondamental qui se pose aux Européens dans leur définition d’une politique vis-à-vis de la Russie est d’ordre conceptuel. Leur attitude est déterminée par le fait qu’ils sont persuadés que la Russie peut accepter le code de conduite généralement suivi par les membres de l’Union européenne (UE), à la fois pour les affaires intérieures et en politique étrangère. Étant donné que la Russie est loin de suivre ces règles, l’intransigeance européenne semble parfaitement justifiée. Il faut cependant remarquer que l’Europe a montré infiniment plus de patience et de tact face aux laborieux progrès de la Turquie durant les dernières décennies qu’elle n’en a fait preuve à l’égard de la Russie dans les années qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique.
L’attitude européenne présente deux inconvénients majeurs. Le premier est que, contrairement à la Turquie, la Russie n’envisage pas de devenir membre de l’UE. Elle n’est donc pas obligée d’en respecter les règles. De la même façon, elle n’entend pas devenir membre de l’Otan. L’Occident demande donc à la Russie de faire d’énormes concessions en matière de sécurité, sans rien lui offrir en échange. Le second inconvénient est que le modèle de l’Union n’est pas le seul dans le monde. Il y a un autre professeur extrêmement influent : les États-Unis. Sous le prétexte de promouvoir la « démocratie » et la « liberté », l’administration Bush poursuit sans vergogne son objectif, qui est la maximisation du pouvoir de l’Amérique et l’affaiblissement de tous ses rivaux, réels ou supposés. Une approche réaliste qui tranche avec celle de l’Europe.
* Auteur de Ethical Realism, A Vision for America’s Role in the World, à paraître aux Editions Pantheon.
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