Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 9 janvier 2005 Lecture : 7 minutes.

Adieu Turquie !
Cette fois, la Turquie nous tourne le dos à tout jamais. Ce pays vient de faire à nouveau le mauvais choix en se jetant dans les bras de l’Union européenne et en s’éloignant définitivement des pays arabo-musulmans. Kemal Atatürk, un athée né, avait déjà franchi un pas en supprimant l’alphabet arabe. La Turquie a oublié son histoire et sa proximité avec les pays arabes. En vérité, les Turcs ont toujours traité les Arabes de bons à rien et n’ont jamais accepté leur rejet de l’occupation ottomane. Pour mieux nous témoigner leur dédain, ils entretiennent des relations cordiales et très stratégiques avec Israël. Adieu Turquie.

L’Afrique meurt en silence
Cela fait plus de deux mille ans que l’on sait que l’océan Pacifique et l’océan Indien sont victimes de tsunami. Le Pacifique est criblé de systèmes de contrôle. L’océan Indien n’a même pas un ballon-sonde. Aujourd’hui, la communauté internationale va donner au moins 2 milliards de dollars pour soigner des gens qui auraient pu être sauvés avec dix fois moins d’argent, s’il avait été investi dans des systèmes d’alerte et de prévention. Pourquoi attendre qu’il y ait des morts pour agir ? Comment nos présidents africains peuvent-ils participer à cette mascarade ? La lutte contre le sida sur le continent n’a même pas recueilli 1 milliard de dollars en quinze ans ! Faut-il une télé réalité montrant les journées dans un hôpital de Kinshasa ? Car personne ne donnera un radis pour sauver nos peuples victimes de maladies, de guerres, du néocolonialisme et de l’injustice des échanges commerciaux mondiaux. S’il n’y avait pas eu autant de victimes occidentales, la catastrophe n’aurait jamais été autant médiatisée. Une semaine entière de silence ne suffirait même pas à rendre hommage à tous les morts du sida en Afrique.

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Bongo fait avancer l’Afrique
Je souhaiterais, en réponse au « Ce que je crois » de B.B.Y. du n° 2291, ajouter à la liste des dirigeants dont il faut saluer les performances Omar Bongo Ondimba. Cela pour deux raisons : là où les hommes font la guerre pour le pouvoir, lui tend une main de paix. Là où les hommes détruisent la nature au nom de la croissance économique, lui protège la nature au nom de cette même croissance économique. Cet homme issu d’un tandem avec feu le président Léon Mba fait politiquement avancer non seulement le Gabon mais aussi l’Afrique.

Et le Gabon ?
Dans votre n° 2291 du 5 au 11 décembre 2004, vous mentionnez en page 13 les précédentes interventions militaires françaises en Afrique depuis les indépendances. Vous omettez l’intervention au Gabon le 19 février 1964 pour mater le coup d’État perpétré contre le président Léon Mba. Cette opération avait fait neuf morts côté militaires gabonais, dont le chef d’état-major Ndo-Edou, et de nombreux blessés parmi les lycéens qui manifestaient contre l’intervention française.

Néocolonialisme
La politique africaine de la France reste fondée sur des valeurs colonialistes. Comment Paris peut-il autoriser le bombardement d’une armée libre et souveraine en Côte d’Ivoire et interdire le débarquement des Casques bleus à Brazzaville en 1997 ? Sa politique doit donc être renouvelée. L’Afrique est désormais libre et souveraine et ne doit plus être considérée comme une plantation d’ananas, de canne à sucre ou comme un puits de pétrole.

D’accord avec Youssef Seddik
C’est avec un grand plaisir que j’ai lu l’article sur Youssef Seddik dans le J.A.I. n° 2292, après avoir découvert cet anthropologue tunisien dans un documentaire de la chaîne Arte sur la vie et le message du Prophète Mohammed. Je pense qu’il faut davantage donner la parole à des penseurs tels Seddik et Mohamed Talbi (entre autres) afin de mettre en valeur le véritable message de l’islam. Car, malheureusement, la parole est trop souvent accaparée par les détracteurs de l’islam.

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Pauvres Togolais !
Voilà près de quatorze ans que l’Union européenne a suspendu ses relations avec le Togo pour « déficit de démocratie ». Belle expression ! Au fil des ans, la population, innocente, a été plongée dans une misère inimaginable : jeunes diplômés de grandes écoles obligés de faire zemidjan (moto-taxi) pour survivre, arriérés de salaire, corruption généralisée. Au nom de quelle démocratie peut-on laisser mourir toute une population ? Le comble c’est que les médias n’en parlent guère. Du coup les Togolais se sentent abandonnés.

PMU : le rêve d’une vie meilleure
Les Sénégalais de Paris les appellent « fass », les chevaux de course. Chaque soir, dès que le signal de départ est donné sur la « Une », c’est le silence radio dans tous les foyers. Les destins sont suspendus aux résultats d’un quinté, d’un quarté ou d’un tiercé. Pour l’immigré, le jeu de hasard participe à l’acharnement qu’il met à vaincre sa condition d’homme misérable. Face au désenchantement qui accompagne le rêve brisé d’une vie meilleure en France, une condition idéalisée avant le départ du pays, le PMU devient un refuge, un abri où asseoir momentanément tous les espoirs. Les bureaux de tabac deviennent les lieux de tous les possibles.

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Des présidents maliens exemplaires ?
Les épreuves de l’examen de passage de B.B.Y. dans le J.A.I. n° 2291 ont été un succès pour deux chefs d’État de mon pays, le Mali : Alpha Oumar Konaré (AOK) et Amadou Toumani Touré (ATT). Pourtant, le bilan de AOK se passe de commentaires. Pendant toute une décennie, cet enseignant issu d’une famille enseignante s’est montré incapable de résoudre la crise scolaire. Durant tout son mandat, nous n’avons connu que des grèves. La corruption et le détournement des deniers publics étaient importants. La Compagnie malienne de développement textile (CMDT) a enregistré 10 milliards de bénéfices une année et était en faillite l’année suivante. Konaré s’est montré plus compétent à l’extérieur qu’à l’intérieur du Mali. Quant à ATT, il s’est retiré après le putsch contre Moussa Traoré et a organisé des élections présidentielles démocratiques. Ce geste aurait pu faire de lui un homme exemplaire tant sur le plan national qu’international s’il n’était pas revenu sur la scène politique. Peut-il faire mieux que son prédécesseur ? Gageons que oui, même s’il est encore trop tôt pour juger.

Houphouët
et ses
successeurs
« Chaque peuple a le dirigeant qu’il mérite », a-t-on l’habitude de dire. Mais il serait injuste d’appliquer une telle maxime aux Africains en général et aux Ivoiriens en particulier. Tout le monde vous dira que ceux-ci ont autant le sens de la teranga (« hospitalité » au Sénégal) que n’importe quelle autre population africaine. J’en veux pour preuve la multitude d’étrangers qui vivent dans ce pays. C’est une chance pour ce dernier d’avoir eu un fédérateur de la trempe d’Houphouët. C’est une malédiction d’avoir eu comme dirigeants tous ses successeurs jusqu’à ce jour.

Laurent Gbagbo, un exemple
Laurent Gbagbo mérite le respect. Il ne lutte pas seulement pour le peuple ivoirien, mais pour toute l’Afrique en général dont l’économie est encore aux mains des puissances colonisatrices. Si d’aventure il gagnait ce combat (le passage d’une économie colonisée par la France à une économie ouverte), cette victoire serait africaine. Alors pourquoi donc certains chefs d’État font-ils preuve de mauvaise foi ?

Les Bétés ne lâcheront rien
Fidèle lecteur de J.A.I. depuis plus de trente ans, je n’ai pas toujours adhéré aux prises de position « Yankee go home » de Béchir Ben Yahmed. Mais, bon connaisseur de la Côte d’Ivoire, où j’ai passé plus de vingt-cinq ans, je reconnais que son analyse concernant la situation dans ce pays (J.A.I. nos 2289 et 2290) est particulièrement pertinente. Comment imaginer que les Bétés, écartés du pouvoir par Houphouët qui s’appuyait sur les Baoulés et les ethnies du Nord, et qui tiennent enfin leur revanche, accepteront des élections démocratiques qui les marginaliseraient de nouveau ? Renoncer à une mainmise de fait sur tous les leviers du pouvoir politique et économique serait une attitude suicidaire, car les victimes de Yopougon, celles des escadrons de la mort et autres « Jeunes patriotes », ne sont pas encore passées par pertes et profits. À supposer que le président Gbagbo accepte un processus démocratique, il est à craindre un scénario à la Kabila, son ethnie voulant bien d’un champion, mais pas d’un traître. Il reste la solution fédéraliste en accordant au pays bété une large autonomie politique et économique dans le cadre d’une Côte d’Ivoire présidée par un politique issu d’une ethnie minoritaire.

Pas d’Union africaine sans le Maroc
Compte tenu de l’importance du Maroc dans le système politique et économique du continent africain, l’intégration du royaume au sein de l’Union africaine est essentielle. La visite récente du ministre tchadien des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Nagoum Yamassoum, vient marquer la volonté du Tchad de développer les échanges avec le Maroc. L’Union africaine doit en faire autant. Sans le royaume, l’unité africaine n’a pas de sens.

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