Les oubliés du Darfour

Publié le 9 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Si la Pax americana s’étend maintenant du Nord- au Sud-Soudan, elle n’a pas encore atteint le Darfour, dans l’ouest du pays. En février, le conflit entre milices arabes Djanjawids soutenues par le pouvoir de Khartoum et rebelles, aura officiellement un an. Selon le dernier rapport du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), publié début décembre 2004, les populations sont dans une situation qualifiée de catastrophique, due essentiellement à la poursuite des violences et aux problèmes d’acheminement de l’aide.
Des centaines de milliers de personnes, chassées de chez elles depuis plusieurs mois, sont aujourd’hui dans un état de faiblesse extrême. Les déplacés font l’objet d’attaques incessantes de la part des milices, qui les dépouillent de leurs derniers biens. Femmes et filles sont nombreuses à être victimes d’abus sexuels. La plupart sont sans abri, et les quelques camps qui ont pu être installés, désormais surpeuplés, connaissent des problèmes croissants de ravitaillement en eau potable et d’évacuation des déchets. Alors que la saison des pluies est arrivée dans l’ouest et le sud du Darfour, provoquant une recrudescence des maladies infectieuses et de la dysenterie.
Le nombre de déplacés et de réfugiés continue de croître. Les Djanjawids maintiennent leur pression sur les villages et font obstruction aux activités humanitaires, ce qui fait dire notamment à l’ONG International Crisis Group, association de lutte pour le respect des droits de l’homme, que « le plan d’épuration ethnique de la région n’est pas abandonné ». Selon cet organisme, le premier cercle du pouvoir soudanais, en particulier les militaires, continue de s’opposer à la paix. Ces derniers ont encouragé l’intégration de nombreux miliciens Djanjawids dans l’armée régulière, dans la police et dans les Forces populaires de défense, un groupe paramilitaire armé au service du gouvernement. Pour eux, il n’est nullement question de désarmement, et l’impunité est de mise : on ne leur a demandé aucun compte des exactions qu’ils auraient pu commettre.
Plusieurs mois après que le secrétaire d’État américain Colin Powell a parlé de génocide et que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a évoqué la possibilité d’une action militaire concertée, aucune mesure concrète n’a été entreprise. L’embargo sur la vente d’armes aux rebelles reste, sur le terrain, lettre morte. Khartoum, par ses manifestations de bonne volonté, se maintient dans une zone qui lui permet de ne pas encourir de sanctions.
La communauté internationale, préoccupée par les milliers de victimes du tsunami qui a ravagé le Sud-Est asiatique le 26 décembre dernier, a détourné son regard du Darfour et des besoins des quelque 2,2 millions de personnes qui réclament une aide d’urgence.

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