Kony, mort ou vif

Le président Yoweri Museveni veut en finir avec la rébellion du Nord et son chef.

Publié le 9 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

La tête du prophète autoproclamé Joseph Kony est de nouveau mise à prix. C’est le président ougandais Yoweri Museveni qui l’a déclaré le 1er janvier 2005, peu après minuit, dans le stade de Gulu (nord du pays) à l’occasion du concert de paix donné par la chanteuse acholie Jennifer Lawala. « L’Uganda People’s Defence Force (UPDF) poursuivra les chefs de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS), en particulier Joseph Kony et son adjoint Vincent Otti, et les tuera où qu’ils soient s’ils ne se rendent pas. Aucune chance ne leur sera donnée de continuer à tuer, enlever et tourmenter d’innocents Ougandais », a affirmé Museveni, au pouvoir depuis 1986, avant de préciser que les négociations de paix se poursuivraient avec les rebelles décidés à se rendre.
Le 29 décembre, l’ancienne ministre chargée de la Paix dans le nord de l’Ouganda et actuelle responsable des négociations, Betty Bigombe, a rencontré plusieurs cadres de l’ARS, dont son porte-parole Sam Kolo, en compagnie de représentants de la région acholie et des Nations unies dans le bush, non loin de Kitgum. Malgré le ton agressif de Sam Kolo, qui a refroidi l’assistance en déclarant « si nous étions des tueurs, nous pourrions facilement vous tuer ici. Mais ce n’est pas notre but. Nous voulons la paix à 100 % », un accord semblait sur le point d’être trouvé.
Las ! Museveni, qui se disait auparavant prêt à rencontrer Kony en tête à tête, a peu apprécié que les rebelles interceptent un camion de ravitaillement de l’armée et demandent un délai de réflexion supplémentaire. Mais, face à l’échec patent de l’option guerrière, il doit aussi envisager une solution – et des concessions – qui lui permettraient de se poser en champion de la paix dans le Nord où le conflit fait rage depuis dix-neuf ans, et s’est soldé par des dizaines de milliers de morts civils – dont une majorité d’enfants – et quelque 1,6 million de déplacés.
Sur le plan intérieur, la paix tomberait à point nommé avant l’échéance présidentielle de 2006, puisque Museveni souhaite faire modifier la Loi fondamentale pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats. Sur le plan extérieur, il doit composer avec ses bailleurs de plus en plus impatients depuis que la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur les exactions de l’ARS et de l’UPDF, en juillet 2004. Le 25 novembre, à l’issue de la Conférence panafricaine pour la stabilité dans les Grands Lacs et à la veille de la Conférence des Nations unies à Nairobi, les membres du Conseil de sécurité ont accentué la pression, soutenus par le Royaume-Uni et les États-Unis, principaux donateurs du pays, qui ont récemment fait entendre leur mécontentement par la voix de l’ambassadeur américain Jimmy Kolker : « Les États-Unis sont très déçus par l’interruption des négociations et souhaitent que les parties en présence trouvent un moyen de reprendre un dialogue constructif. » Un document en onze points est toujours en discussion et pourrait déboucher sur des négociations à l’extérieur du pays.

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