Je te hais moi non plus
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De l’ensemble des relations diplomatiques entre Washington et les capitales arabes, celles avec Damas paraissent les plus tumultueuses. Sous sanctions américaines depuis le 11 mai 2004, date d’entrée en vigueur du Syria Accountability Act, un texte limitant les échanges commerciaux aux seuls biens alimentaires et aux médicaments, la Syrie est accusée, de manière récurrente, de mollesse dans la lutte antiterroriste, de fermer les yeux sur la présence d’anciens dignitaires du régime déchu de Saddam Hussein sur son territoire et, surtout, de soutien à la résistance.
Le président syrien Bachar al-Assad et son chef de la diplomatie Farouk al-Chareh ont beau démentir, rien n’y fait. Pis : les accusations américaines sont régulièrement confortées par des déclarations du gouvernement irakien.
Mais, à bien y regarder, les preuves avancées sont aussi solides que celles qui ont alimenté le dossier des armes de destruction massive. Reprocher à Damas des flux financiers et un soutien logistique aux groupes armés irakiens, c’est méconnaître totalement la réalité du terrain. Qu’il s’agisse des salafistes d’Abou Moussab al-Zarqaoui, des survivants de l’appareil répressif de Saddam Hussein ou de la guérilla chiite, nul besoin de renouvellement d’armement, de millions de dollars ou encore de base de repli en Syrie.
En tout état de cause, le gouvernement syrien n’a pas les moyens de surveiller efficacement les 900 kilomètres de frontières communes avec l’Irak. Sans oublier la présence massive des troupes d’occupation dans les trois points de passage, dans leur partie irakienne. Toutefois, malgré la gravité des accusations de Washington, il est peu probable que l’administration Bush introduise de nouvelles sanctions. Damas reste un partenaire essentiel dans la lutte antiterroriste, et les échanges d’informations se poursuivent. Dernière visite en date, celle de Richard Armitage, sous-secrétaire d’État américain, qui s’est longuement entretenu, le 2 janvier, avec Bachar al-Assad. Venu transmettre un dernier avertissement, il a nettement infléchi son message au sortir de l’audience : « La Syrie a accompli de réels progrès concernant la sécurité aux frontières, mais nous devons tous faire davantage. […] »
Ces propos sont synonymes de sursis pour la Syrie, seul pays au monde à être encore gouverné par le Baas. Pour cela, le président Bachar al-Assad a dû faire de nouvelles concessions : exprimer plus que de l’amitié avec les actuelles autorités irakiennes. Bref, entre Damas et Washington, il n’y a rien de nouveau. Hormis le sempiternel « je te hais moi non plus ».
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