Générosité sélective

Publié le 9 janvier 2005 Lecture : 1 minute.

Après le raz-de-marée, la déferlante des bons sentiments ! La sollicitude des Occidentaux à l’égard des pays frappés par la catastrophe du 26 décembre est si grande qu’elle en devient… gênante. Elle est liée à deux facteurs – peu avouables – qui s’ajoutent à une compassion bien réelle :
– Les pays riches, via leurs touristes présents sur les lieux, sont directement touchés par la catastrophe. Rien d’étonnant à ce qu’ils se soient montrés plus sensibles au sort des victimes du tsunami qu’à celui des rescapés du tremblement de terre de Bam, en Iran (40 000 morts il y a moins d’un an – qui s’en souvient ?).
– Il s’agit d’un événement ponctuel, non d’un drame récurrent. On sait, hélas ! que la solidarité s’essouffle vite lorsqu’il est question d’« éternelles » victimes, qu’elles soient décimées par une famine ou par le sida. En Afrique, par exemple…
L’information se propage si vite, aujourd’hui, que les occasions de se montrer altruiste ne manquent pas. Mais notre générosité est sélective. On parlera sans doute longtemps de ce tsunami du 26 décembre 2004. Qui se souvient du Bangladesh : 400 000 morts en 1970, 140 000 en 1991 et, en juillet 2004, un million et demi de sans-abri ?
Les morts ne ressusciteront pas : est-il déplacé, dès lors, de rappeler que le sort des survivants devrait constituer la priorité ? N’est-il pas choquant de voir des équipes mobilisées pour l’identification des cadavres (d’Occidentaux !) retarder les initiatives des autorités locales, soucieuses d’incinérer rapidement les corps pour éviter les épidémies ?
En prenant un peu de recul, on pourrait, paradoxalement, se réjouir que cette catastrophe ait fait prendre conscience aux habitants du Nord qu’au Sud il y a aussi des hommes, qui sont leurs semblables. Et espérer que cette prise de conscience ne sera pas éphémère…

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