Ramadan.com

Publié le 8 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Partout au Maghreb, les cybercafés – qui proposent des connexions à Internet pour un prix dérisoire – font un tabac depuis le début du ramadan. À Casablanca, dès 10 heures du matin, l’établissement tenu par Fatima, que tout le monde dans le quartier surnomme affectueusement « Tati », accueille une clientèle très majoritairement juvénile (20-30 ans). Ambiance conviviale garantie. Tandis que la sono diffuse sans discontinuer les chansons de Feyrouz, la diva arabe, les jeunes du quartier s’adonnent à leur passe-temps favori : le chat. Pour Nabil, 23 ans, étudiant à l’université Hassan-II, les cybercafés sont un palliatif à l’ennui. « Avec les copains, on se retrouve tous les jours avant la rupture du jeûne », explique-t-il. À ce rythme, Tati est assurée de multiplier ses gains par trois ou quatre.
Le phénomène est le même en Algérie et en Tunisie, où les cybercafés ne désemplissent pas de la journée. Dans la soirée, c’est pire : le surpeuplement menace. Dans un établissement du Kram, au nord-est de Tunis, les jeunes squattent effrontément tous les ordinateurs, au grand dam, par exemple, de Hédi, étudiant à l’École supérieure de commerce, contraint à d’interminables attentes pour accéder à son poste habituel. En attendant son tour, il « préfère chatter et surfer sur le Net plutôt que de regarder les séries spécial ramadan sur Hannibal TV ou Tunis 7 ». Ses deux surs, en revanche, restent scotchées devant Choufli Hal (« Trouve-moi une solution ! »), le feuilleton à succès de cette dernière chaîne. Même chose dans un cybercafé de Bal el-Oued, à Alger, où selon Othman, un habitué du lieu, « Internet fait désormais partie des us et coutumes du ramadan ».
Conscients de cet engouement, les sites en ligne se disputent âprement une part d’audience dans un paysage largement dominé par les programmes (films, feuilletons, variétés et jeux) des chaînes satellitaires. Ils proposent, pêle-mêle, des cartes de vux islamiques, les prêches d’imams de tout acabit, des conseils nutritionnels ou des informations pratiques. Tout est fait pour attirer les jeûneurs oisifs « accros » au Net. Le site islamonline consacre, par exemple, une page aux fatwas et aux règles du jeûne, tandis que le prédicateur vedette Amr Khaled prodigue ses conseils sur son site personnel. Dans un registre plus léger, gn4me.com propose la recette ramadanesque du jour, ainsi qu’un guide des spectacles et des kheimas (tentes), ces lieux festifs par excellence, en cette période. Si la principale cible reste la tranche d’âge des 20-30 ans, les moins de 10 ans ne sont pas oubliés. Le site ramadankids.com, qui ambitionne d’enseigner aux musulmans en herbe, mais de manière ludique, les obligations et rituels du ramadan, met en ligne des jeux destinés à tester leurs connaissances religieuses. Il y a notamment le jeu du « musulman qui veut devenir milliardaire ». La règle en est simple : il suffit de répondre à une série de questions, avec à la clé, une cagnotte de 1 million de dollars. De quoi donner envie de prier dès son plus jeune âge !

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