Ouverture du concile Vatican II

Publié le 8 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

Le bruit avait couru, à l’époque, que le conclave de 1958 avait élu le cardinal Angelo Giuseppe Roncalli, âgé de presque 77 ans, pour ménager une transition après la mort de Pie XII, avant de choisir à nouveau un pape d’action. Mais le sourire débonnaire et l’attitude bonhomme de Jean XXIII cachaient une extraordinaire volonté. Il en donnera la preuve éclatante en décidant la tenue du concile Vatican II, un aggiornamento de l’Église catholique, autrement dit un grand rassemblement cuménique visant à adapter celle-ci au monde moderne. Si le pontificat de Jean XXIII ne durera que cinq ans, Vatican II, qui est son uvre, constituera une véritable révolution pour l’histoire de l’Église.
La première session s’ouvre le 11 octobre 1962, devant 2 427 évêques venus du monde entier. Sur les 88 que comptent l’URSS et les républiques satellites de l’autre côté du « rideau de fer », 32 réussissent à faire le déplacement. Aucun, en revanche, n’a pu sortir de Chine, ni d’Albanie, ni du Vietnam alors en pleine guerre.

« La basilique Saint-Pierre, écrira dans sa chronique le père assomptionniste Antoine Wenger, ressemble aux estampes du concile de Trente. Je crois reprendre le temps de l’Église, là où l’ont laissé les conciles antérieurs, et je sens que ce qui se passe est le début d’une nouvelle ère. » Vision prophétique. Il y aura en tout quatre sessions, dont la dernière sera close en 1965 par Paul VI, successeur de Jean XXIII, décédé le 3 juin 1963. Elles produiront seize textes modifiant, en profondeur, le fonctionnement de l’Église catholique. Celle-ci voit sa structure interne modifiée par quatre nouvelles constitutions, qui remettent en question son fonctionnement pyramidal au profit d’une répartition des pouvoirs plus égalitaire. La fonction des évêques est redéfinie ; le gouvernement local de l’Église s’exerce désormais de façon collégiale. Par ailleurs, l’usage strict du latin dans la liturgie est abandonné au bénéfice des langues nationales. Le texte, intitulé Gaudium et Spes, « Joie et Espérance », s’attaque à la philosophie du catholicisme en encourageant une vision positiviste du monde moderne, devant être soutenue par une lutte urbi et orbi contre les injustices. Enfin, trois déclarations vont permettre de tisser de nouvelles relations avec les autres religions, judaïsme et islam en particulier, mais également avec les chrétiens séparés, protestants au premier chef, tout en préservant l’importance de l’enseignement catholique.

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À l’annonce de sa décision, en 1959, le « bon pape » Jean XXIII n’avait récolté qu’une froide surprise, voire une certaine indifférence mêlée de mépris. La Curie romaine, enracinée dans sa doctrine, se prépare à un « concile éclair » destiné à entériner les textes qu’elle élabore soigneusement pendant les trois ans qui précèdent. C’est compter sans le courant progressiste qui habite déjà l’Église, dont Mgr Achille Liénart, alors évêque de Lille, se fait le porte-parole en exigeant de véritables élections pour le choix des présidents des dix commissions conciliaires. Les rénovateurs insistent ensuite pour s’attaquer en premier lieu à la liturgie et entraînent Vatican II vers des réformes profondes, inimaginables à l’époque. L’aile conservatrice, représentée notamment par le cardinal Ruffini, archevêque de Palerme, dont les amitiés pour Franco et Salazar ne sont un secret pour personne, et Mgr Giuseppe Siri, archevêque de Gênes et « fils spirituel » de Pie XII, ne parviendra pas à freiner ces décisions.
L’un des plus réfractaires à cette modernisation sera l’archevêque de Dakar, Mgr Marcel Lefebvre. Missionnaire au Gabon jusqu’en 1947, puis résident au Sénégal, il s’oppose à la réforme de la liturgie, à la fin de l’obligation du port de la soutane et à la collégialité des évêques. Ses déclarations sont édifiantes : « Ce n’est pas le Saint-Esprit qui a inspiré le concile mais le diable ! » En 1969, il s’installe à Écône, en Suisse, où sa communauté traditionaliste et, par conséquent, schismatique, ordonne des prêtres. Cette prise de position lui vaudra, en 1988, une excommunication de la part du pape Jean-Paul II, malgré l’intercession de son successeur à Dakar, Mgr Hyacinthe Thiandoum.

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