Ousmane Kane

Le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie est un ancien vice-président de la BAD.

Publié le 8 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

Le 13 septembre, Ousmane Kane, 51 ans, a été nommé gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie. Sans perdre une minute, il a multiplié les consultations. Le 26 septembre, par exemple, il a reçu une délégation de la Banque africaine de développement (BAD) conduite par le Tunisien Lotfi Chakroun. Les deux hommes se connaissent bien puisqu’ils ont longtemps travaillé ensemble au sein de l’institution panafricaine. Héritant d’une situation financière plus que délicate, il gère son emploi du temps au chronomètre. C’est qu’il lui faut, très vite, séduire les opérateurs financiers. La masse de travail est telle que les 450 employés de la Banque centrale oublient parfois que les bureaux ferment à 16 h 30 en cette période de ramadan…

Né le 10 avril 1955 à Tékane, à 65 km de Rosso, sur le fleuve Sénégal, Kane reste très attaché à ce « village calme et plein de vie ». Élève au lycée de Nouakchott, il obtient son bac C (mathématiques) en 1975, avant de poursuivre ses études en France : classe préparatoire au lycée Thiers, à Marseille, puis École polytechnique, dont il est diplômé en 1980.
Il regagne ensuite Nouakchott, où les révolutions de palais se succèdent. Même si la politique n’a jamais été sa passion, il est atterré. En 1982, il entre comme ingénieur à la Société nationale industrielle et minière (Snim), puis, trois ans plus tard, à la Société arabe des mines de l’Inchiri (Samin), qui exploite les gisements de cuivre et d’or d’Akjout. En 1990, mécontent de certaines clauses d’un accord conclu avec une société australienne, il démissionne. Un pari risqué puisqu’il n’a aucun engagement ailleurs. Mais il a de la chance. Cinq mois plus tard, il est recruté par la BAD. À Abidjan, c’est Pape Mbaye, l’ancien directeur général de Shelter Afrique (un organisme de financement de l’habitat), qui lui met le pied à l’étrier. Mais c’est avec l’arrivée à la présidence du Marocain Omar Kabbaj, en 1995, que sa carrière décolle. Il est successivement directeur des ressources humaines, de la planification stratégique, du budget, puis, en 2003, vice-président chargé des services institutionnels.
Le 3 août 2005, lorsque le colonel Ely Ould Mohamed Vall s’empare du pouvoir, Kane se trouve à Nouakchott. Le 18, il rencontre le nouveau chef de l’État et se laisse convaincre de la sincérité de ses intentions. « Je me suis dit que je pourrais peut-être mettre mon expérience au service de mon pays », se souvient-il. Mais l’entretien ne débouche sur aucune proposition concrète. Le mois suivant, le Rwandais Donald Kaberuka, le nouveau président de la BAD, entre en fonctions. Très vite, les deux hommes s’opposent et décident de mettre un terme à leur collaboration.

la suite après cette publicité

En décembre, de retour en Mauritanie, Kane décide de souffler un peu. Pas pour longtemps ! Au pouvoir depuis quatre mois, le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) a le plus urgent besoin de rassurer tant la population que les institutions internationales. La présence à Nouakchott de ce gestionnaire chevronné est donc une aubaine. En mars 2006, il est nommé conseiller auprès de la présidence de la République. Sa mission : promouvoir les investissements. Il ne restera en poste que six mois avant d’accéder à la présidence de la Banque centrale.
Marié et père de trois enfants, le nouveau gouverneur est un homme discret, mais exigeant. « Ce qui me frappe chez lui, témoigne l’un de ses proches, c’est qu’il ne dit jamais j’ai obtenu quelque chose, mais Dieu m’a donné. C’est un gage de foi et de modestie. » Ses compatriotes de Tékane sont convaincus qu’il a exercé de discrètes pressions sur le ministère des Transports, avec la complicité de ses anciens collègues de la BAD, pour que la route entre Rosso et Boghé, qui passe par leur village, soit enfin asphaltée.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires