L’Afrique à grands pas

Publié le 8 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

La 23e édition des Francophonies en Limousin, qui s’est achevée le 8 octobre à Limoges (centre de la France), s’était assignée pour but, conformément au vu de Marie-Agnès Sevestre, sa nouvelle directrice de programmation, d’aller « à la rencontre des trois océans » et d’établir un lien entre les mondes francophones d’Afrique, d’Amérique du Nord et de l’océan Indien. Mission accomplie !
Le Burkina a brillamment défendu ses couleurs avec Les animaux dansent, par la compagnie Dodo Naba Angba, une chorégraphie de rue avec masques puisée dans la tradition nigériane et adaptée au goût du jour. La compagnie Salia nï Seydou était elle aussi au meilleur de sa forme avec Un pas de côté, une création chorégraphique sur une musique de Jean-Pierre Drouet, le magicien des percussions. Un troublant cocktail d’instruments étranges, de sons inhabituels et de corps en mouvement qui confirme la spectaculaire percée de la danse africaine contemporaine sur la scène internationale. Signalons aussi Transit, un spectacle de rue du Français Ali Salmi qui raconte le voyage d’un migrant parti d’Afghanistan dans l’espoir de rejoindre clandestinement l’Angleterre.
Côté théâtre, signalons L’Improbable Vérité du monde, un spectacle créé à la Réunion par des comédiens malgaches, comoriens et mauriciens, dans une mise en scène de l’Algérien Ahmed Madani. Le comédien Congolais Dieudonné Niangouna a fait grosse impression dans une pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton, dont un film sera tiré prochainement (début du tournage à la fin de cette année, en Afrique de l’Ouest). Enfin, un hommage posthume a été rendu à Sony Labou Tansi, dont on célèbre cette année le dixième anniversaire de la mort. La Parenthèse de sang est une farce macabre, une incursion brutale dans l’univers tourmenté du poète, qui a sans doute déconcerté les spectateurs les moins avertis. Mais la surprise est venue d’dipe, la tragédie de Sénèque adaptée par le Néo-Calédonien Jean Boissery et interprétée par une troupe de Kanaks au jeu d’une étonnante intensité.
Reste que le théâtre africain peine à se renouveler et à mettre en scène de véritables créations. Les résidences d’écriture travaillent en ce sens et donnent certains résultats, comme le prouve Alain Kamal-Martial, de Mayotte, pensionnaire à Limoges depuis 2005, dont la pièce Épilogue des noyés a été jouée cette année. Mais on reste loin du compte. « J’ai envie d’ouvrir ces résidences aux traducteurs, qui sont de gros contributeurs à la francophonie, mais aussi aux romanciers et aux poètes », explique Marie-Agnès Sevestre. On verra bien.
Le joli succès rencontré cette année par les concerts payants – une nouveauté -, conforte par ailleurs la directrice de programmation dans son désir de donner à la musique une place plus importante et de ne plus la cantonner au Bar du zèbre, l’établissement où se retrouvent les festivaliers. On s’est donc pressé pour entendre les Sénégalais de Touré Kunda, Kora Jazz Trio, une petite formation guinéo-sénégalaise, ou encore Silo et Mafonja, de Madagascar.
Au total, ces Francophonies en Limousin constituent désormais un rendez-vous de premier plan pour tous les artistes africains francophones. Deux semaines durant, elles attirent quelque vingt mille spectateurs, passionnés, curieux, mais aussi directeurs de salles et de festivals en quête de nouveaux talents.

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