Chiens de guerre

Publié le 8 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est le livre sur lequel se sont précipités tous ceux qui s’intéressent à l’histoire tourmentée de cet émirat pétrolier au cur du golfe de Guinée. Rédigé par Adam Roberts, journaliste à The Economist et ancien correspondant de cet hebdo britannique en Afrique du Sud, The Wonga Coup (littéralement : « Le coup pour un tas de fric ») raconte par le menu la tentative manquée d’un commando de mercenaires pour renverser Teodoro Obiang Nguema, en mars 2004. Le récit de l’aventure des pieds nickelés Simon Mann et Nick du Toit, accompagnés d’une centaine de dogs of war (« chiens de guerre ») sud-africains et angolais, avec en arrière-plan des financiers libanais et le fils de Margaret Thatcher, fait souvent sourire. Leur plan étant de tuer le président Obiang « à la moindre résistance de sa garde rapprochée marocaine » (sic), on peut comprendre que l’équipée n’ait pas amusé l’intéressé. Petite révélation au passage : c’est alors qu’il se trouvait en escale technique sur l’aéroport de Bamako, au Mali, sur le chemin de Malabo, que l’opposant Severo Moto – à qui les mercenaires avaient promis de remettre le pouvoir une fois Obiang éliminé – a appris l’échec du coup. Suivis à la trace par les services secrets américains, sud-africains et espagnols, les soldats de fortune ont, on le sait, été arrêtés avant même de pouvoir passer à l’action. Deux ans et demi après ce flop magistral, une partie d’entre eux croupit toujours en prison, à Malabo et à Harare.
À lire, donc. Mais avec des pincettes. Car autant le récit de ce Wonga Coup se dévore avec plaisir, autant les chapitres périphériques sur la Guinée équatoriale, son histoire et son président, relèvent plus de la collection de rumeurs et d’erreurs que du travail d’enquêteur. Adam Roberts reprend ainsi sans sourciller les ragots sur le pseudo-cannibalisme d’Obiang et sur son cancer avancé (il ne pèserait plus que 50 kg, ce qui fait sourire tous ceux qui l’ont rencontré récemment). Il fait de Severo Moto un ancien ministre de l’Information – ce qu’il n’a jamais été – et prête même à Teodoro Obiang Nguema, avec un luxe de détails stupéfiant, des études aux États-Unis qu’il n’a jamais effectuées (vérification faite auprès de l’intéressé lui-même, qui regrette d’ailleurs de ne pas maîtriser l’anglais).
Pourquoi de telles bourdes, au risque de décrédibiliser le reste du livre ? À défaut d’excuse, une explication : l’auteur n’a pas pu se rendre en Guinée équatoriale dans le cadre de son travail. Refus de visa.

The Wonga Coup, par Adam Roberts, Profile Books, Londres, 2006.

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