Tunisie : affinités électives

Publié le 8 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Il n’en faudrait pas plus pour séduire le président Zine el-Abidine Ben Ali, toujours sensible aux petits clins d’il amicaux : c’est à Tunis que le nouveau président français passera la seule nuit de sa tournée maghrébine, le soir du 10 juillet. Nicolas Sarkozy aura pourtant bien d’autres atouts pour s’attirer la bienveillance de ses hôtes. En Tunisie, il va également retrouver un président avec qui il partage, outre le fait d’avoir été ministre de l’Intérieur avant d’accéder au pouvoir, le même goût pour la sécurité À la présidence, un poste qu’il occupe depuis bientôt vingt ans, Ben Ali continue, en effet, d’y attacher une grande importance. Tout comme le nouveau locataire de l’Élysée, qui en a fait son cheval de bataille pour gagner la dernière élection présidentielle française, le 6 mai. Sur le sujet, les deux hommes ont d’ailleurs déjà eu l’occasion de confronter leurs points de vue. C’était en 2002 et 2003. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, s’était rendu à Tunis à deux reprises pour discuter de la coopération sécuritaire entre les deux pays.
La visite du président français s’annonce donc sous les meilleurs auspices. Les relations entre les deux chefs d’État ont bien démarré : quelques jours après sa prise de fonctions, le 23 mai, Nicolas Sarkozy a adressé un chaleureux message à son homologue tunisien pour lui renouveler sa volonté d’entretenir avec son pays des « relations privilégiées ».
En outre, les deux hommes semblent partager une même vision sur le plan économique. Au palais de Carthage, le projet d’Union méditerranéenne formulé à Paris a séduit. Il permet enfin à la Tunisie d’entrevoir la création du vaste espace économique méditerranéen qu’elle appelle de ses vux pour renforcer son ancrage à l’Union européenne. L’initiative suscite de « grandes attentes » et sera, à n’en pas douter, au centre des entretiens entre les deux présidents. Pragmatiques, les Tunisiens ont apprécié qu’on leur dise qu’il ne s’agit pas d’un projet « clés en main » et qu’ils seront associés à son élaboration. Plusieurs rounds de discussion pour en définir les contours sont prévus, et nul doute que Tunis ne manquera pas d’insister pour que les leçons du processus de Barcelone, lancé en 1995 afin d’établir un espace euro-méditerranéen de développement, de paix et de sécurité, soient tirées. S’il avance sur le plan sécuritaire, le processus bute en effet sur des points aussi fondamentaux que la réponse à apporter au problème palestinien, à l’émigration ou à l’établissement d’un véritable partenariat économique entre l’Europe et le Maghreb.
Dans ce ciel sans nuage, il n’y a finalement qu’une inconnue sur laquelle la Tunisie attend Nicolas Sarkozy. Lors de ses visites en 1995 et en 2003, Jacques Chirac avait fait l’éloge du « miracle tunisien », avant de tempérer les attaques dont le pays faisait régulièrement l’objet. « Le premier des droits de l’homme, c’est de manger, d’être soigné, de recevoir une éducation, et d’avoir un toit », avait-il notamment déclaré. Lui aussi amateur des formules chocs, que dira, cette fois, le nouveau président français ?

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