États précaires

Selon le bimensuel américain Foreign Policy, huit des dix pays les moins stables du monde sont subsahariens.

Publié le 8 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Le constat ne manquera pas de renforcer les convictions des afro-pessimistes. Sur les 177 pays pris en compte dans le troisième classement annuel des États les moins stables élaboré par le bimensuel américain Foreign Policy et le Fonds pour la paix, une ONG spécialisée dans la prévention des conflits, l’Afrique subsaharienne truste huit des dix premières places – contre six l’an dernier et sept en 2005. Dont la pole position. Soudan, Somalie, Zimbabwe, Tchad, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Guinée et République centrafricaine : seuls l’Irak (2e) et l’Afghanistan (8e) empêchent le continent de faire le grand chelem.

Le plus frappant est sans doute la concentration des États les plus vulnérables dans deux régions : l’Afrique centrale et la Corne de l’Afrique. Loin d’être une coïncidence, le phénomène s’apparente plutôt à un macabre jeu de dominos dans lequel le pays en crise entraîne ses voisins, explique Foreign Policy. Le bimensuel montre comment les conflits au Darfour et en Somalie ont fait tache d’huile au Tchad et en Centrafrique d’une part, au Kenya, en Érythrée et en Éthiopie de l’autre, à cause de l’afflux de millions de réfugiés.
« Trois des cinq États les moins bien classés – le Tchad, le Soudan et le Zimbabwe – ont des dirigeants qui sont au pouvoir depuis plus de quinze ans », remarque Foreign Policy, qui observe une forte corrélation entre mauvaise gouvernance et instabilité. N’Djamena, Khartoum et Harare se classent effectivement au-delà de la 130e place dans le dernier palmarès de la perception de la corruption effectué chaque année par l’ONG Transparency International. Ils font également parti du peloton de tête des pays qui obtiennent les plus mauvaises notes en matière de développement durable.
Le Liberia, un pays qui était déchiré par la guerre il n’y a pas si longtemps, et la RD Congo, malgré sa septième position, montrent pourtant qu’il ne faut pas désespérer du continent. Par rapport au classement de l’an dernier, ils réalisent deux des quatre meilleures progressions. Monrovia perd 6,1 points et Kinshasa 4,6. Une amélioration due au retour de la bonne gouvernance dans les deux pays, avec l’organisation d’élections transparentes en 2005 et 2006. Surtout, ils apportent la preuve que l’équation « rente minière = déstabilisation » n’a rien d’une fatalité.

la suite après cette publicité

La situation géographique des pays africains les plus vulnérables pourrait, il est vrai, le laisser penser tant elle recoupe celle des ressources agricoles, pétrolières, diamantifères et minérales du continent. Le Soudan, le Tchad et le Nigeria sont de gros producteurs pétroliers, le Zimbabwe possède de l’or, la bauxite représente l’essentiel des recettes de la Guinée, la RD Congo dispose de diamants en quantité et le cacao demeure la pierre angulaire de l’économie ivoirienne.
Il apparaît en tout cas que, dans les pays les moins stables, l’engagement de la communauté internationale peut être déterminant. Car si le Liberia et la RD Congo ont été largement soutenus par l’ONU qui y a déployé deux de ses plus lourdes missions, N’Djamena, Khartoum et Harare, eux, ne bénéficient pas d’un tel appui

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires