Pas de fête dans la capitale

Publié le 8 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

A Accra, les voitures sont aussi brinquebalantes qu’à Lomé ou Bamako. Mais tous les conducteurs, y compris le plus désargenté des chauffeurs de taxi, attachent leur ceinture de sécurité, tandis que les rares motards qui se risquent dans les embouteillages sont immanquablement coiffés d’un casque. La discipline et le respect de l’autorité en disent long sur les réflexes accumulés pendant les années de férule marxiste et de régime militaire. D’ailleurs, depuis quelques mois, ce sont les leaders de cette époque révolue qui s’affichent sur d’immenses panneaux publicitaires disséminés aux quatre coins de la ville.
Le 25 mars 2007, le Ghana a fêté le cinquantième anniversaire de son indépendance. « Les Big 6 », comme on appelle les présidents qui ont dirigé le pays, sont un peu partout. Mais l’affiche la plus répandue montre Kwame Nkrumah savamment mis en scène au côté de l’actuel chef de l’État, John Agyekum Kufuor.
La tenue du « grand débat sur le gouvernement de l’Union » dans la capitale, au moment où l’image du père de la nation et chantre du panafricanisme est incontournable, aurait dû placer les travaux des chefs d’État sous de bons auspices. Les noms des libérateurs du continent, Kwame Nkrumah en tête, étaient sur toutes les lèvres. Résolument tournée vers l’unité africaine, la ville arborait les drapeaux de tous les pays ainsi que les photos des présidents. Dans les quartiers abritant les villas réservées aux invités de marque, les noms de rues continuaient de faire planer l’esprit d’union : « Pan African Court », « Africa Unity Drive » Nul n’aurait pu rêver d’un endroit plus symbolique pour paver la voie vers les États-Unis d’Afrique.
Mais le 3 juillet à minuit, quand le débat s’est terminé sur une « déclaration d’Accra » si peu consensuelle, les sirènes des policiers qui accompagnaient les leaders à l’aéroport se sont vite évanouies dans la nuit. Lumières éteintes, grands boulevards vides, fanions pendus aux hampes comme des chiffons mouillés Et le silence partout. Seuls quelques noctambules du centre-ville ont cru entendre des sanglots s’élever du mausolée de Kwame Nkrumah.

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