Tragique bilan

Publié le 8 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

L’association Reporters sans frontières (RSF) célèbre cette année ses vingt ans d’existence. Mais son emblématique président, Robert Ménard, et ses collaborateurs n’ont pas vraiment le coeur à la fête : 53 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur métier en 2004, soit le pire total depuis 1995, date de la guerre civile en Algérie et du sanglant conflit bosniaque. Et 107 croupissent toujours en prison, dont 27 en Chine, 22 à Cuba et une quinzaine en Iran.

La 15e Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, a été l’occasion de dévoiler ce tragique bilan et de dresser la liste des trente-quatre pays « prédateurs pour la liberté de la presse ». La Corée du Nord du « cher leader Kim Jong-il » et le Turkménistan du mégalomane Saparmurat Niyazov, qui aime à se faire appeler le « Turkmenbashi » (le père de tous les Turkmènes), sont, avec l’Érythrée, où tous les journaux privés ont été fermés depuis trois ans et leurs animateurs jetés en prison, les trois États où la situation est le plus inquiétante. Ils sont talonnés de près par la Birmanie, le Vietnam, une bonne moitié des monarchies du Golfe, ainsi que la Syrie, l’Iran, la Biélorussie et le Zimbabwe.
RSF déplore, en outre, la culture de l’impunité qui continue de sévir dans bon nombre d’autres États aux pratiques répressives, et cite notamment les cas de la Côte d’Ivoire, où la lumière n’a toujours pas été faite sur la disparition de Guy-André Kieffer, et de la Gambie du président Yahya Jammeh, où le journaliste Deyda Hydara, par ailleurs correspondant local de RSF, a été assassiné en décembre 2004. Parmi les quelques points positifs relevés l’an dernier et qui nuancent un peu ce sombre tableau, l’association note les révolutions douces qui viennent de se produire en Ukraine et au Kirghizistan, qui ont eu des répercussions positives pour la liberté de la presse, ainsi que des évolutions encourageantes observées en Éthiopie, en Turquie et à Singapour.

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L’Irak, où 19 journalistes dont 2 otages (l’Italien Enzo Baldoni et l’Irakienne Raeda Wazzan) ont été tués en 2004 (et 51 depuis le début du conflit), reste le pays le plus dangereux pour les journalistes. Les professionnels des médias sont maintenant exposés aux rapts crapuleux et aux prises d’otages « politiques ». À l’heure où nous mettions sous presse, cinq de nos confrères, la Française Florence Aubenas et son guide Hussein Hanoun al-Saadi, ainsi qu’une équipe de trois reporters de la télévision roumaine étaient toujours retenus en otages en Irak. Pour les soutenir, RSF a mis en vente un album de photos signées Jean-Loup Sieff, disponible dans tous les kiosques, en France, pour 8 euros.

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