Théo Klein

Ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif)

Publié le 8 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Avocat aux barreaux de Paris et d’Israël, auteur de nombreux livres, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Théo Klein est l’une des figures majeures, souvent contestée par les siens, du judaïsme européen.
Jeune Afrique/l’intelligent : Comment expliquez-vous que l’élection à la papauté du cardinal Ratzinger, un Allemand qui fit partie des Jeunesses hitlériennes avant d’endosser l’uniforme de la Wehrmacht, ait été aussi bien accueillie, tant à Tel-Aviv que dans la diaspora juive ?
Théo Klein : Je crois que la communauté juive dans son ensemble n’a pas pour habitude de jeter la pierre à ceux qui ne portent d’autre responsabilité que celle de s’être laissé embrigader. Évidemment, pour ce qui concerne les juifs, on ne leur a guère donné le choix : dans cette période de persécutions, ils étaient bien sûr tous contraints de se ranger du « bon côté », c’est-à-dire celui des victimes.
J.A.I. : Mais pourquoi un tel enthousiasme ?
T.K. : Quant au Crif, sa réaction ne repose sans doute sur rien d’autre que sur la déclaration dans laquelle le nouveau pape a donné l’assurance qu’il respecterait le statu quo concernant les normes établies par son prédécesseur (avec son propre concours, si ce n’est à son initiative). Il ne faut pas oublier en effet – et c’est bien sûr cela que les juifs n’oublieront jamais – que Jean-Paul II, qui s’est appuyé sur les acquis de Vatican II, avait accompli en direction de l’Ancien Testament une véritable révolution lors de la visite qu’il avait faite à la synagogue de Rome. Il est remonté à la source juive dans le respect de ceux qui s’y abreuvent, par une porte que Jean XXIII avait déjà entrouverte.
Je lui garde aussi une profonde reconnaissance pour avoir arrêté son geste alors qu’il venait de déposer son message dans une fente du mur du Temple de Jérusalem. Il allait faire le signe de la croix, mais sa main est demeurée figée, ouverte…
Benoît XVI, quant à lui, a très vite pris soin de confirmer ces positions « amicales » qui lui échoient en héritage : il veut lui aussi voir grandir ce tronc commun aux deux rameaux de l’olivier. Voilà qui nous suffit. Pour le reste, je ne suis pas réellement intéressé par le degré d’amour du pape envers les juifs…
J.A.I. : N’était-ce pas cependant ce même Jean-Paul II qui avait autorisé des religieuses à construire leur couvent sur le site du camp d’extermination d’Auschwitz ?
T.K. : J’irai encore plus loin : je suis persuadé que c’est lui qui a poussé les Carmélites à s’installer à Auschwitz en plantant la croix du pape sur les lieux du supplice des juifs. Mais, pour m’être pas mal impliqué personnellement dans cette affaire, je peux aussi vous dire que c’est lui qui les en a fait partir !

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