Référendum : en librairie, le oui l’emporte
Publié le 8 mai 2005 Lecture : 2 minutes.
Quel que soit le résultat, le 29 mai, du référendum français sur la Constitution européenne, les débats très vifs qu’il a suscités font le bonheur d’éditeurs que l’on n’a guère l’habitude de trouver en tête des meilleures ventes.
La très vénérable Documentation française, structure publique rattachée aux services du Premier ministre, a déjà vendu plus de 70 000 exemplaires du Traité établissant une Constitution pour l’Europe, le texte brut soumis à référendum, proposé à 4 euros, et autant du Petit Guide de la Constitution européenne, un petit ouvrage de 88 pages (à 5 euros) expliquant de façon très didactique « ce qui change et ce qui demeure ».
Mais ce sont les Éditions d’Organisation, spécialisées dans les livres d’économie et de gestion, qui font la plus belle affaire avec Constitution européenne, voter en connaissance de cause (5,90 euros) de Philippe Moreau-Defarges : plus de 140 000 exemplaires écoulés. Tandis que Dalloz, célèbre éditeur juridique, a vendu plus de 110 000 exemplaires de La Constitution européenne présentée par Olivier Duhamel (1,50 euro). Le prix de cet opuscule et la notoriété de son auteur, professeur à Sciences-Po et ancien député européen du Parti socialiste, en expliquent le succès.
« Depuis Maastricht en 1992, on ne parle pas d’Europe, sauf événement exceptionnel, explique Olivier Duhamel, ardent supporteur du traité. Il existe une soif de connaissance après des décennies d’ignorance flagrante. » Les éditeurs, eux, ont relevé une accélération des ventes depuis la montée du non, fin février. « Les gens ont un réflexe de retour au texte », commente un responsable de Dalloz.
On ne sait s’il y a un lien de cause à effet, mais, alors que le oui se relève dans les sondages, les livres des partisans du non sont nettement distancés en librairie. Les mieux placés, Cette « Constitution » qui piège l’Europe (Mille et Une Nuits), de l’association altermondialiste Attac, et Manuel critique du parfait Européen (Le Seuil), de Jacques Généreux, arrivent loin derrière les ouvrages précédemment cités.
En France, un dirigeant politique digne de ce nom doit y aller régulièrement de son livre. Comme on pouvait s’y attendre, le référendum du 29 mai a réveillé des vocations d’écrivain. Ici aussi, la défense du oui domine largement. Excepté l’inévitable Jean-Pierre Chevènement (Pour l’Europe, votez non, chez Fayard), les autres auteurs sont favorables au traité. Parmi eux, François Bayrou (Oui. Plaidoyer pour la Constitution européenne, chez Plon), Michel Barnier (Sortir l’Europe des idées reçues, Perrin-Nouvelle République), Dominique Strauss-Kahn (Oui ! Lettre ouverte aux enfants d’Europe, Grasset), sans oublier le tandem constitué par Dominique de Villepin et l’ancien ministre espagnol de la Culture, l’écrivain Jorge Semprun (L’Homme européen, Plon).
Si, avec cela, la Constitution ne passe pas…
