Que doit faire la France au Togo ?
De tout temps, le régime togolais a été soutenu par les gouvernements français. Pourtant, Eyadéma régnait par la terreur, son régime était véritablement dictatorial. Lorsque, à sa mort, son fils a voulu prendre le pouvoir, on a pu constater une hésitation de la France. Alors que le coup d’État était là, Jacques Chirac mettait l’accent sur la mort de son « ami personnel ». Les États-Unis ont condamné le coup d’État, parce que c’est cela qui était grave. Et il a fallu cette position américaine forte pour que Faure Gnassingbé consente à se démettre.
Dimanche, il y a eu mascarade d’élection. Nous le craignions et cela s’est réalisé. Nous pouvons en témoigner car nous avions des observateurs sur place pendant le scrutin. Toutefois, les propos de certains responsables de l’opposition togolaise sont excessifs. La situation est en train de dégénérer et il faudrait que l’élite togolaise sache raison garder et ne mette pas de l’huile sur le feu. Il faut avoir à l’esprit que le peuple togolais a été sevré d’alternance démocratique pendant quarante ans. Mais on commence une guerre quand on veut, on la termine quand on peut. Ce qui serait souhaitable, c’est un processus de transition de un an, dix-huit mois, deux ans, puis de véritables élections après un toilettage des institutions. Si cette solution avait été choisie en Côte d’Ivoire lors de la présidentielle de 2000, dont avaient été exclus plusieurs candidats de premier plan, ce pays n’en serait sans doute pas là aujourd’hui.
La France a une responsabilité particulière. Elle doit appliquer à l’Afrique les principes universels qu’elle prétend défendre en dénonçant publiquement les fraudes constatées. L’Afrique est mûre pour la démocratie. Si l’on sent que la présence militaire française garantit l’impunité et la dictature, surtout dans le contexte d’une présence militaire qui reste forte sur le continent, je vous assure que le sentiment antifrançais va continuer de se développer. Il y a eu la Côte d’Ivoire, il y a le Togo, il y aura d’autres pays. Si l’on met la priorité sur les relations amicales avec tel ou tel chef d’État, les mêmes dégâts se reproduiront. Des élections sont truquées, immédiatement on les valide, on invite les dirigeants qui en sont issus… Cette époque devrait être révolue.
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