L’Équateur aussi ?

Publié le 8 mai 2005 Lecture : 1 minute.

Destitué par le Parlement équatorien le 20 avril au terme d’une crise politique de plusieurs mois et après une semaine de violentes manifestations, Lucio Gutiérrez n’aura pas fait illusion longtemps. Élu en janvier 2002 avec le soutien des mouvements populaires et, surtout, indigènes, il avait promis d’engager une lutte sans merci contre la corruption et la pauvreté, qui frappe 70 % de ses concitoyens. Et puis, il s’est mis à appliquer scrupuleusement les recettes du FMI, à négocier un traité de libre-échange avec les États-Unis et à laisser l’aviation américaine utiliser la base militaire de Manta. Ses électeurs n’ont pas apprécié… Mais c’est surtout sa tentative de manipulation de la Cour suprême de justice en vue d’obtenir l’amnistie de l’ancien président Abdallah Boucaram, dit « le fou », condamné pour corruption et chassé lui aussi du pouvoir par une grève générale, en février 1997, qui a mis le feu aux poudres.
La chute de Gutiérrez est d’autant plus symptomatique que l’Équateur a toujours été une pointe avancée de l’ultralibéralisme dans la région : n’a-t-il pas abandonné sa monnaie nationale au profit du dollar ? Même si, grâce au pétrole, la croissance est de 4 % depuis trois ans, le taux de pauvreté est passé dans le même temps de 58 % à 70 %. Dans l’urgence, Rafael Correa, le ministre de l’Économie, a été contraint de supprimer le Fonds pétrolier, grâce auquel 70 % des revenus tirés des hydrocarbures servaient automatiquement à rembourser la dette extérieure. Une partie importante de ces ressources sera-t-elle désormais affectée aux investissements publics ? Si tel est bien le cas, il faudra en conclure que l’Équateur est désormais résolu à suivre l’exemple de ses voisins.

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